COOKIESCODE
LES P'TITES HISTOIRES
Pour les Petits et Grands N'enfants ...

THE RICHARDSON & SONS ROCK BELL STEEL BAND par Jackyl LETREZ


  Joseph Richardson est né en 1790, dans une famille de tailleurs de pierre de Keswick. Tailleur de pierre lui-même, il a en plus un don certain pour la musique.
Dans sa jeunesse, il aime s'amuser à fabriquer des instruments de musique de toutes sortes et on raconte, qu'en 1928, Joseph scia une belle table en acajou de sa mère (à laquelle elle tenait plus que tout) pour en faire un violon !... Punk avant l'heure ?...

  En plus de mener ses propres expériences, Joseph apprend que Peter Crosthwaite, fondateur du Musée de Keswick a construit, quelques années auparavant, un ensemble de pierres musicales, et, au cours de sa carrière de tailleur de pierre, Richardson a remarqué par lui-même la curieuse résonance musicale des pierres lorsqu'elles sont frappées.
C'est ainsi qu'il commence à tester les différentes roches de la région des lacs pour leur note et à collectionner celles qui sonnent du son le plus pure.

  En 1827, alors qu'il taille la pierre de Skiddaw sur le chantier de construction d'une maison à Thornthwaite, il trouve que cette roche métamorphique donne un son exceptionnel, et, sous l'impulsion de cette découverte, il débute la recherche de pierres et la fabrication d'un lithophone bien plus important que celui présent au musée de Crosthwaite.

  Il faut près de 13 années à Richardson pour rassembler et façonner suffisamment de pierres pour obtenir les notes d'une gamme de huit octaves. Le jour, il parcoure les collines à la recherche de pierres appropriées puis les apporte à l'atelier pour les couper et les façonner sans relâche...

  C'est un travail colossal, Joseph essaie longuement chaque pierre avant de la rejeter ou de l'accepter comme étant digne de son instrument. La lourde tâche de recherche et d'assemblage consomme tout son temps, tant et si bien que lui et sa famille en sont réduits à la pauvreté.
Mais après 13 années de labeur, en 1840, l'instrument est enfin terminé, il le baptise " The Richardson Set ".


  Joseph et ses trois fils commencent à pratiquer l'instrument. Joseph est un talentueux musicien, autodidacte, il a appris la musique sur un violon et sait jouer également de la flûte et de la cornemuse. Il est donc capable d'utiliser ses talents musicaux pour tirer le meilleur parti de son lithophone. Il forme ses fils à l'instrument et à force de multiples répétitions, ils bâtissent ensemble un répertoire impressionnant.

  Rapidement, ils donnent des concerts au niveau local et après avoir reçu le soutien et l'acclamation dans leur région, ils partent pour une tournée de trois semaines dans les grandes villes du nord de l'Angleterre.

  C'est l'enthousiasme, la presse s'empare du phénomène :
" Tout le monde semble apaisé et heureux à l'écoute des douces sonorités uniques qui émanent de cet instrument pourtant si rude et si robuste...".
  Leur succès les incite à se diriger vers Londres. Leur merveilleux instrument enthousiasme ce public mélomane et friand de nouveautés... L'accueil et l'engouement sont immédiats, si bien qu'ils ne rentreront à la maison qu'après une tournée de trois ans...


  Le répertoire interprété par le "Roc Band" comprend des extraits d'œuvre de Haendel, Beethoven et Mozart et des arrangements de valses, quadrilles, polkas et galops... Elvis n'est pas encore né...

  Ils maîtrisent maintenant parfaitement leur lithophone en frappant les pierres de différentes manières, il créent des tonalités nouvelles, un mélange subtil de notes proches de l'orgue, du piano, de la harpe ou bien parfois de la flûte.
Et la puissance de l'instrument est telle qu'il pourrait faire voler en éclats les fenêtres des salles de concert... Mais Hendrix n'est pas encore né...


  Les concerts deviennent très populaires : la richesse ainsi que la douceur des sonorités produites excitent la curiosité et provoquent l'étonnement de tous ceux qui s'intéressent à la musique.
Dans un journal de 1846 relatant un concert de Richardson à Luton, on décrit la tessiture de l'instrument comme comparable aux gazouillis d'une alouette puis à la basse profonde d'une cloche funèbre... Dans un autre article, un journaliste explique :
" L'instrument merveilleux ressemble à un de ces jouets d'enfant que l'on appelle " dulcimer ", mais à une échelle gigantesque. La famille Richardson ressemble aux rejetons d'un géant jouant comme des virtuoses sur un joujou d'enfant... "

  Dans le milieu des années 1840, Richardson souhaite encore augmenter la portée musicale de l'instrument. Il y ajoute quelques octaves, des barres d'acier, des cloches suisses, et y adjoint des tambours et d'autres instruments à percussion. Désormais le groupe qu'il forme avec ses fils s'appelle " The Richardson & Sons, Rock, Bell Steel Band ".

  Le 23 Février 1848, les Richardson jouent au palais de Buckingham, à la demande de la reine Victoria. Le Prince Albert est présent ainsi qu'une importante assemblée de Lords et de Ladies...
    
Le groupe fait un triomphe et interprète deux morceaux supplémentaires en rappel... Selon " The Times " :
" Il s'est avéré l'un des spectacles les plus extraordinaire et nouveau de la métropole "
  La reine enthousiaste et hilare devant un tel spectacle (voir photo ci-dessus) demande qu'il soit effectué deux autres représentations. Très impressionnée par l'ensemble, sa Majesté s'est dite vraiment très amusée d'entendre le son des cloches des Alpes... (??!!...)


  Plus de soixante concerts sont donnés dans les plus grandes salles de Londres et le groupe part en tournée dans toute la Grande-Bretagne et, par la suite, en France, en Allemagne, en Italie... Un concert en Amérique est même prévu, mais Robert, le fils cadet, et le joueur le plus talentueux, tombe malade juste avant la date de départ et meurt d'une pneumonie.
La famille Richardson est anéantie, la tournée est arrêtée. C'est la fin du groupe et l'instrument est définitivement abandonné...

  En 1917, le lithophone est offert au musée de Keswick par l'arrière petit-fils de Joseph Richardson. Il s'y trouve toujours aujourd'hui, dernier symbole du tailleur de pierre de Crosthwaite qui a su créer de la roche un instrument de musique original et unique.



  Joseph Richardson est inhumé au cimetière de Kensal Green à Londres. Sur un monument, le plus grand obélisque du cimetière, on peut lire :
"À la mémoire de Joseph Richardson créateur du "rock, Bell & Steel Band"

Car de tous les lithophonistes, Richardson est le plus célèbre.
Mais il est temps d'écouter le doux chant du lithophone le soir au fond de la carrière...
Je suis sûr que vous en mourrez d'envie...

" Falling stone " par Guy Bacos
" Lithophone " par Andreas Olszewskis
  Le lithophone est un instrument de musique qui ne date pas d'hier bien-sûr,... Déjà à la Préhistoire, on frappait à coup de baguettes ou avec des cailloux, les pierres sonores, posées à terre ou suspendues par divers moyens.

  On trouve la trace de lithophone dans le patrimoine musical de nombreux pays. Ils peuvent se présenter sous différentes formes : pierres disposées en étoile sur un lit de paille (Togo), équerres trapézoïdales ou disques perforés suspendus verticalement dans un cadre (Chine), pierres façonnées en lames posées sur un cadre comme celui des xylophones actuels (Angleterre, XIXe siècle), disques minéraux fixés horizontalement sur un stand à roulettes comme un jeu de crotales (Kolberg Percussion).

  Le lithophone a été utilisé par le compositeur allemand Carl Orff dans certaines de ses œuvres. Nicolas Frize, compositeur français contemporain, a écrit une pièce pour un lithophone "moderne". Et il est encore utilisé et même développé aujourd'hui, le groupe écossais post-rock "MOGWAI" (des vrais rockeurs ceux-là) l'a utilisé dans une de ses compositions.

  Quant à l'œuvre de Richardson, elle se perpétue... Le musicien Brian Dewan à interprété lors de concerts en 2005, 7 nouvelles compositions sur l'engin. Et d'autres concerts ont lieu régulièrement en solo ou en compagnie d'orchestres classiques internationaux.
L'université de Leeds travaille actuellement sur la recherche des propriétés musicales des pierres de Skiddaw et le musée sur un projet d'éducation de deux ans de pratique musicale du lithophone.
Enfin, un logiciel de musique assistée par ordinateur, SonicCouture de Kontakt, à enregistré et propose le son du fameux instrument de Richardson : " The Skiddaw Stones"

Pour conclure, voici une virtuose du Litho
dans un classique de la musique traditionnelle vietnamienne






Un lien vers le site d'Emmanuel Dilhac s'impose également
On le surnomme « L'homme qui fait chanter les pierres », mais pas que...


Le site à découvrir
     
La musique à découvrir



  Vous aussi vous voulez fabriquer votre lithophone ?... et vous ne trouvez que des pierres qui font Poc ! Poc !... sous la massette !!...
Le Saint Graal des pierres qui sonnent se trouve donc à Skiddaw en Angleterre. C'est une montagne située dans le Lake District National Park, un parc national anglais qui fait partie du comté de Cumbrie. Avec ses 2 280 km² de lacs et de montagnes, c'est le plus grand parc national d'Angleterre. On y trouve les montagnes les plus hautes du pays dont, au nord, le mont Skiddaw d'une altitude de 931 mètres.




Randonneurs, à vos Rangers, le sac à dos va être lourd...





  Vous avez une P'tite Histoire à raconter ?... Envoyez-là grâce à notre formulaire  



www.pierres-info.fr - Mentions légales - Date de publication : dimanche 24 mars 2024 - Tous droits réservés