LES STYLES EN SCULPTURE SUR PIERRE

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  Aucun créateur ne part de rien, alors comme tout a été fait ou presque, pour créer son propre style, la première démarche consiste à les découvrir.
On s'inspire alors d'une forme qui nous anime ou qui correspond à notre sensibilité. On apprend ses théories, ses principes, on la copie peut-être...
Et puis, sans obligatoirement s'en rendre compte, on ne conserve que ce qui correspond à notre vision ou répond le mieux à notre geste et on laisse de côté ce qui nous semble superflu... Et lorsque notre œuvre nous ressemble... on a trouvé son style.

Que de styles...

  Des Vénus évocatrices du paléolithiques, des envolées de la statuaire classique grecque aux portraits romains ou aux dentelles de pierre Byzantines, des nobles et gracieuses statues gothiques, de la théâtralisation Baroque, du sensible Romantisme au travail de Rodin fondateur d'un certain renouveau, des volumes épurés de Brancusi jusqu'aux formes les plus abstraites ou les plus modernes...

  On a taillé et sculpté la pierre de tout temps, que ce soit pour solliciter les dieux, honorer les puissants, exprimer ses convictions ou créer une émotion.... Tout est à découvrir.

PREHISTOIRE
  La pratique de la sculpture remonte au paléolithique. De manière générale, les artistes de cette époque utilisent les reliefs préexistants comme les support rocheux et y adaptent leurs représentations. Les bois ou les ossements d'origine animale sont également utilisés.
La production est abondante et souvent de très grande qualité. L'art constituait un véhicule à priori omniprésent dans la vie des hommes de cette époque. Certaines sculptures sont particulièrement réalistes et expressives et on suppose que les objets accompagnaient les hommes durant leurs chasses ou leurs déplacements.


Étagne (femelle du bouquetin)
du Roc-aux-Sorciers

Extrémité d'un propulseur
à la tête de cheval

  Lorsque la sculpture ou la gravure est décorative, elle vise à orner les armes ou les outils du quotidien, la plupart du temps par la représentation des grands herbivores qui constituent la faune de l'époque : chevaux, bisons, bouquetins, aurochs, cervidés.
  Au Gravettien, on produit des statuettes anthropomorphes féminines standardisées. Ce sont les fameuses représentations féminines du paléolithiques aux formes généreuses. Elles ont certainement une portée symbolique liée à la fécondité.

Dame de Brassempouy
  Les exemples les plus connus sont "la Dame de Brassempouy" (ou Dame à la capuche), sculptée dans l'ivoire de mammouth, la "Vénus de Dolni Vestonice" réalisée en céramique ou encore la "Vénus de Willendorf" sculptée dans le calcaire.


Vénus de Willendorf

Vénus de Dolni Vestonice
   La production de sculpture est abondante et souvent de très grande qualité. L'art constitue un véhicule à priori très présent dans la vie des hommes de cette période. Certaines sculptures sont particulièrement réalistes et expressives et, lorsqu'elles n'ornaient pas leur lieus d'habitation, on suppose que les objets sculptés accompagnaient les hommes durant leurs chasses ou leurs déplacements.

Bison se léchant


ANTIQUITÉ ÉGYPTIENNE
Période Ancien Empire Égyptien
de - 3 000 à - 2 260 av. J.-C.

  La production artistique qui a lieu en Égypte entre la IIIe et la VIe dynastie se caractérise notamment par des complexes monumentaux et des statues de grande taille.
La sculpture a une fonction rituelle. L'effigie assure le maintien en vie de l'âme qui peut s'y transférer. Le travail de la pierre est maîtrisé. Représentation frontale dégageant une impression de force et d'intensité.


Sépa
(administrateur de la Haute-Egypte)
  Les statues sont assez massives : les jambes et les bras sont accolés au corps, la tête presque sans cou et les jambes volumineuses.

  Les hommes sont représentés portant un pagne plissé et une perruque boule (statue de Sépa), tandis que les femmes sont habillées d'une longue robe moulante et portent une longue et lourde perruque tripartite à tresses (statue de Nésa).
Même si la polychromie s'est souvent estompée, les statues sont peintes. On note en général un grand réalisme anatomique et bien que stéréotypé, le rendu des visages est très réaliste.

Nésa
(l'épouse de Sépa)

Khéops
(Pharaon de la IVe dynastie)
  Les statues royales présentent le souverain dans une attitude classique. Le pharaon peut se trouver en position assise, sur un trône à dossier bas, (statuette de Khéops). Il est revêtu d'un pagne long ou du manteau de fête-Sed (fête de jubilé célébrée traditionnellement à partir de la trentième année de règne d'un pharaon).
Il peut également figurer debout (Triades de Mykérinos en schiste de grauwacke présentant le roi Mykérinos entouré de la reine Hathor et de la personnification d'une province égyptienne, un nome).

Triade de Mykérinos
(les 3 personnages)
  Le Sphinx de Gizeh est représentatif de cette période. Ce monument, taillé dans un promontoire naturel, est la plus grande sculpture monolithique au monde (73,5 m de long, 14 m de large et 20,22 m de haut).


Le Sphinx de Gizeh


Période Moyen Empire Égyptien
de - 2 050 à - 1 750 av. J.-C.

  Cette époque est variée et novatrice pour la statuaire. Selon les sculpteurs et les périodes le style peut aller de l'expression la plus rude pour aboutir à un art tout d'harmonie et d'équilibre.

  Le style de la XIe dynastie propose des visages ronds aux grands yeux ouverts et un corps massif, dans une position rigide, comme le montre la statue en grès peint de Montouhotep II.

  Le style classique de la XIIe dynastie offre plus d'élégance. Les visages sont plus personnalisés et le modelé du corps plus souple, comme pour la statues de Sésostris III.

  Dans le domaine privé, des changements aussi ont lieu dans l'aspect des perruques, la nature desz vêtements et les attitudes des personnages.

Montouhotep II
(souverain de la XIe dynastie)
  C'est cette époque qui voie l'apparition de la statue-cube (ou statue-bloc) dans les temples et près des tombes. Le personnage est représenté accroupi, les bras croisés posés sur les genoux. La tête et la coiffure émergent de ce cube parfait aux angles arrondis en donnant la possibilité de graver de longues inscriptions hiéroglyphiques sur les surfaces.


Statue cube de Ser
(un employé du roi )

Sésotris III
(souverain de la XIIe dynastie)
  Deux écoles de sculpture se distinguent, celle de Memphis, dans le Nord, lyrique et idéaliste, comme en témoigne la statue d'Amenemhat III. Alors que dans le Sud, l'école de Thèbes les représentations sont très réalistes. Ainsi, les effigies de Sésostris III montrent un souverain à l'air désabusé et triste et aux traits fatigués.

  Le pessimisme suscité par l'anarchie de la première période intermédiaire est sensible dans la statuaire du Moyen Empire. Le culte voué à Osiris a démocratisé l'idée de survie dans l'au-delà. Alors, le défunt n'est plus représenté dans tout l'éclat de sa force physique, l'expression du visage est triste ou pensive et on emploie les pierres sombres et polies pour renforcer cet effet de gravité.

  Une statuaire qui n'est plus exclusivement funéraire se développe également. Les fidèles déposent leur effigie en ex-voto dans les temples. Le groupe de Senpou retrouvés à Abydos en est un exemple caractéristique. L'ensemble est réalisé en calcaire hormis la table d'offrande qui est en albâtre.
Cette pratique semble avoir été particulièrement importante à la fin de la XIIe dynastie et au début de la XIIIe dynastie.

Groupe de Senpou
(ex-voto d'Abydos)

Amenemhat III
(pharaon de la XIIe dynastie)

Période Nouvel Empire Égyptien
de - 1 552 à - 1 080 av. J.-C.

  Cette période est la plus prospère de toute l'histoire égyptienne. Dans le domaine de la sculpture, on a tout d'abord recours aux principes du passé, mais peu à peu, le style du Nouvel Empire s'affirme jusqu'à atteindre un degré de maîtrise tel que cette période sera considérée comme le sommet de l'art égyptien.

  Dans les tombeaux, on abandonne la représentation des scènes de la vie quotidienne pour évoquer les événements importants d'une vie face à l'éternité.
De nombreux motifs sont introduits, comme les plantes, les fleurs, les oiseaux ou les paysages. L'art du relief suit la même évolution que la statuaire, comme le montre les magnifiques reliefs figurant sur la tombe de Ramose.


Tombe de Ramose - le défunt et son épouse
(Gouverneur de Thèbes et Vizir)

Buste de Ramsés II
(pharaon de la XIXe dynastie)
  L'Égypte s'ouvre vers l'étranger et cela se ressent dans les styles qui évoluent au rythme des influences diverses. Les accessoires des emblèmes divins sont introduits et la forme du corps apparaît plus souple et un peu plus détachée du bloc.

  Tous les talents se libérèrent, mais la statue-cube conserve son importance et sa forme sommaire et stylisée revient dans la statuaire privée. Placée dans la cour des temples, elle offre de belles surfaces planes qui permettent d'inscrire des inscriptions, des prières ou encore des dédicaces.

Statue-cube de Bakenkhonsou
(Grand prêtre d'Amon)
  Au cours de la XVIIIe dynastie, le Pharaon Akhénaton décide d'abolir la religion polythéiste et met en place une religion monothéiste basée sur le culte d'Aton, Dieu du disque solaire.
Le souverain lui-même enseigne aux artistes les modifications profondes à apporter dans la représentation et un nouveau style se développe, c'est l'art Amarnien.
Parfois considéré comme excessif, cet art se caractérise par de longs visages au crâne allongé, l'œil est oblique et les paupières lourdes avec des rides d'expression. Les lèvres sont soit minces, soit charnues et bien dessinées tandis que les pommettes sont accentuées, les cous allongés et les corps amollis et ventrus.


Buste d'Akhenaton
(pharaon de la XVIIIe dynastie)

Souverain Amarnien

Buste de Nefertiti
(épouse royale d'Akhenaton)
  Il est bien différent par ses aspects de l'art classique en place avant lui. L'art Amarnien dans ses représentations humaines, se veut réaliste, vivant, expressif et privilégie les courbes.

  On représente alors le souverain et sa famille dans des scènes intimes. On voit la Reine Néfertiti assise sur les genoux du Roi, les enfants jouer avec eux, le Roi embrasser la Reine ou encore la famille au cours d'un repas. Ces représentations sont uniques dans l'histoire de l'art Égyptien.


Akhénaton, Néfertiti et trois de leurs filles
sous le symbole d'Aton


ANTIQUITÉ GRECQUE
Période Cycladique
de - 3 000 à - 1 700 av. J.-C.

  L'art cycladique appelé parfois art égéen, est rattaché aux civilisations vivant dans les îles des Cyclades, un archipel montagneux de la mer Egée. Ces petites îles furent le foyer d'une culture florissante d'où émergea cet art. Les formes les plus connues sont des objets de marbre généralement nommés "idoles" ou "figurines". Leur réalisation, si particulière, impliquent un sens poussé de la géométrie et de l'abstraction.

  Une majorité de ces sculptures représentent des femmes nues, les bras croisés sur le ventre. De proportions très rigoureuses et de style unique, elles procurent un rendu d'équilibre exceptionnel.
La tête, assez épaisse, est plus ou moins en forme de lyre, un visage de forme convexe est souligné par un nez proéminent, sans yeux ni bouche.
La forme du corps, en trapèze, montre souvent des seins, une taille marquée et les jambes, distinctes l'une de l'autre, légèrement fléchies avec les pieds tendus.

Variété de Plastiras
(cimetière de Paros)
  D'autres idoles sont plus élancées ou présentent des jambes séparées d'une simple ligne creuse.
D'autres, dont le contour rappelle celui d'un violon offre une approche encore plus stylisée du corps de la femme.

Idole en forme de violon
(Groupe de Pélos)

Variété de Dokathismata
(cimetière d'Amorgos)

Joueur de pipeau
  Ces figurines de marbres retrouvées autour de la mer Egée suggèrent qu'elles étaient populaires parmi les peuple de la Crète. Les plus célèbres sont peut-être celle du joueur de harpe et celle du joueur de pipeau.

Joueur de harpe
  Au début du XXe siècle, ces statues antiques avec leur forme stylisée et géométrique influencèrent de nombreux artistes comme Picasso, Giacometti, Brancusi, Arp ou Laurens.


Visage de femme


Période Minoenne
de - 1 800 à - 1 400 av. J.-C.

  La civilisation minoenne s'est développée sur les îles de Crète et de Santorin. Bien que plus connus pour leur maîtrise de la céramique et leurs fresques colorées, les artistes crétois sculptent également des statuettes en pierre certainement inspirées des figurines cycladiques. Ils développent également l'art de graver les sceaux.

  On retrouve dans les sanctuaires de maisons de nombreuses figurines féminines que l'on désigne comme la "Déesse serpent". Leur grand nombre laisse à penser qu'elles représentent la déesse-mère et constitue l'objet de culte d'une religion matriarcale.

Déesse aux serpents
(faïence)

Déesse aux serpents
(stéatite et or)
  Le taureau tient une place très importante dans la culture crétoise. C'est un animal vénéré, mais il est aussi utilisé pour pratiquer un jeu acrobatique et sportif durant lequel'animal n'est jamais abattu.

Vase tête de taureau
(or/stéatite noire/cristal de roche)
  Des jeunes gens le saisissent par les cornes et effectuent toute une variété de sauts périlleux au-dessus de son dos.

  Le taureau trouve sa place dans de nombreuses représentations comme par exemple ce vase à libation à tête de taureau retrouvé à Knossos ou cet acrobate pratiquent son fameux sport.

Acrobate au saut du taureau
(ivoire)
  L'Égypte a certainement transmis aux crétois l'usage des sceaux, utilisés pour l'identification ou la sécurisation de documents. Mais les artistes détournent leur usage utilitaire vers un art de la gravure, la glyptique. L'objet se transforment alors en amulettes que l'on porte sur soi et le sceau, qui représente tout d'abord un signe, se développe vers une certaine forme d'écriture.
Parmi les biens retrouvés dans les sépultures minoennes, figurent souvent des sceaux, ce qui prouve l'idée d'identification personnelle qui leur est attribuée.


Sceaux minoens


Période Mycénienne
de - 1 630 à - 1 200 av. J.-C.

  La civilisation mycénienne se développe en Grèce, dans le Péloponnèse, mais aussi en Crète, dans le sud de l'Anatolie et en Sicile. Leur création artistique emprunte beaucoup a celle des crétois que ce peuple guerrier a envahi. Fresques murales, céramique ou orfèvrerie et quelques sculptures monumentales ornant les palais-forteresses.

  Les Mycéniens sont de grands bâtisseurs et leur plus importante réalisation est Mycènes. Des murailles de six mètres de hauteur entourent la ville et son palais. Bien plus tard, elles sont baptisées "murs cyclopéens" par les grecs, parce qu'ils imaginent que seuls des géants ont pu construire cela.


Porte des lions à l'entrée de la cité de Mycènes


Tête de guerrier
(ivoire)
  Les artistes mycéniens travaillent également l'ambre et l'ivoire. L'ambre importé d'Europe septentrionale est utilisé en joaillerie pour la confection de colliers en perles.
Tandis que l'ivoire d'Égypte et d'Orient sert à sculpter des figurines ou à fabriquer des objets de toilette ou des plaques décoratives incrustées.


Tête d'homme
(grès peint)
  Mais l'élément le plus remarquable de l'art mycénien est l'usage de l'or. Il est utilisé aussi bien dans les parures que dans la fabrication d'objets précieux ou encore comme masques funéraires que l'on enterre avec les défunts.

Masques funéraires et coupes en or


Période Géométrique
de - 1000 à - 700 av. J.-C.

  La période géométrique désigne l'une des époques de l'histoire de la Grèce antique. Elle est ainsi nommée en raison des décors géométriques simples peints sur les vases de céramique, comme pour ses sculptures aux formes abstraites.

  Durant cette période, l'art se réduit à la céramique et aux objets indispensables en terre. Les vases sont fabriqués en quantité dans des ateliers ou des écoles, alors que la sculpture est quasi inexistante. Elle se résume à la réalisation de petites figurines en terre cuite ou en bronze.


Pot à motif géométrique
(terre cuite)
  Ces statuettes ont une forme très caractéristique, décomposée de façon élémentaire. Elles représentent des animaux, des guerriers ou des monstres mythologiques, comme les centaures.
Ce sont des ex-voto placés dans les sanctuaires en offrande aux Dieux.

Statuette de cheval
(calcaire)

Cheval
(bronze)


Période Orientalisante
de - 700 à - 600 av. J.-C.

  Au milieu du 8° siècle commence un énorme mouvement de colonisation et un courant constant d'échanges avec Chypre, l' Égypte et les cotes syriennes.
Ces nombreux contacts influencent l'art grec dans les formes comme dans les matériaux employés. Le style se fait de moins en moins géométrique, il s'orientalise progressivement pour mener à la sculpture dédalique.


Sphinx sur pied
(bronze)

  Les bases mêmes de l'art grec se construisent en s'ouvrant aux richesses de civilisations étrangères. La production artisanale se développe et les centres d'art foisonnent et renouvellent les thèmes décoratifs. Les techniques majeures d'architecture et de plastique voient le jour.

Dame d'Auxerre
(calcaire)
  C'est donc durant cette période que l'art dédalique prend son essor. Ce mouvement artistique est lié aux régions d'origine dorienne et à la Crète. Il doit son nom à l'artiste mythique Dédale, l'inventeur de la sculpture pour les Grecs.
Il s'agit d'un style de représentation rigide qui caractérise le décor céramique, mais surtout la statuaire. Il constitue le premier témoignage de la sculpture monumentale en ronde-bosse de la civilisation grecque antique.
Contrairement au style géométrique qu'il côtoie encore à cette époque, l'art dédalique met en valeur l'anatomie du corps humain. Il fixe les modalités de représentation des visages, toujours encadrés d'une chevelure lourde et élaborée.

Apollon pythien
(bronze)
  L'utilisation du marbre et de la pierre calcaire dans la statuaire est de nouveau attestée, après des siècles de relatif abandon. Cela permet l'émergence des premiers exemples de sculpture monumentale, inspirée probablement par l'art égyptien.
Le canon qu'il détermine et qui est repris par la suite montre l'arrivée progressive de la sculpture et de l'architecture au premier rang de la création artistique grecque.


Divinités assises et lionnes
(linteau du temple de Prinias)


Période Archaïque
de - 800 à - 500 av. J.-C.

  Alors qu'en architecture les deux grands ordres Dorique et Ionique apparaissent, c'est l'âge d'or de la sculpture en marbre et plus encore en bronze. Peu à peu, la statuaire gagne en précision et en mouvement.


  Simples dans leurs postures et leurs formes, les statues de cette période tiennent certainement leur inspiration dans l'art égyptien et mésopotamien.
Les figurines du passé qui servaient d'offrandes dans les temples font maintenant place aux figures féminines et masculines grandeur nature et stéréotypées.

Korè de Merenda
(Marbre)
  Une "korè" (koraï au pluriel), représente toujours une jeune femme au visage souriant, aux pommettes saillantes et aux grands yeux en amande. En position debout, les jambes sont réunies ou, parfois, le pied gauche est légèrement avancé, les deux bras sont pendants, ou bien un bras est levé pour tendre une offrande : une fleur, un fruit, un petit animal… C'est une offrande qu'elle fait à la divinité. L'autre main tient un pli du vêtement. Les koraï sont toujours vêtue d'un chiton (une tunique) et d'un himation (un châle).

  Ces korai sont généralement sculptées dans le marbre, rarement dans le calcaire et la plupart du temps réalisées dans plusieurs pièces assemblées. Les yeux et les attributs, comme les bijoux sont fréquemment ajoutés et traités dans un autre matériau. Mais c'est surtout la décoration peinte qui anime la statue par une polychromie héritée de la palette égyptienne.
  Un kouros (kouroï au pluriel) est la statue d'un jeune homme debout avec un corps athlétique, les bras sur le côté et les poings serrés, ou bien parfois avec un bras tendu tenant une offrande. Les kouroï sont représentés nus avec la jambe gauche légèrement en avant à la manière de la statuaire égyptienne où ils trouvent leur inspiration.   Leur visage est encadré par des cheveux longs tressés ou ornés de perles à la mode crétoise, leurs yeux sont en amande et ils arborent un léger sourire.
Pour les grecs de cette époque, les kouroï représentent le défunt comme le type idéal de la masculinité. La nudité est ainsi une façon d'affirmer sa valeur. Dans l'éducation des hommes grecs, l'entraînement physique est très important. Les concours sportifs, comme les jeux Olympiques, sont organisés en l'honneur des dieux et sont autant d'occasions de prouver des qualités exceptionnelles.

  Les ateliers de sculpture gagne en expérience, leurs représentations montrent des poses de plus naturelles et les coiffures deviennent plus typique de la Grèce. Leur connaissance du marbre permet maintenant de sculpter des kouroï gigantesques. Les plus grands sont produits pour le grand sanctuaire de la déesse Héra de Samos. Un de ces kouroï géant dédiée à Héra mesure cinq mètres de haut, c'est le plus grand jamais retrouvé.

Kouros de Volomandra
(Marbre)

  A l'apogée du style, le temple d'Aphaïa d'Égine, de style dorique, les statues du fronton ouest montrent l'évolution du style archaïque. La scène représente un combat lors du siège par Agamemnon. Athéna est au centre, à sa gauche, un troyen et un grec bataillent, tandis que Teucer a touché de sa flèche le troyen allongé à sa gauche. À droite d'Athéna, Ajax s'attaque à un troyen et Pâris tend son arc à côté d'un guerrier agenouillé. Sa flèche a certainement touchée mortellement le troyen tombé (notre image), même si paradoxalement ce dernier arbore le fameux sourire archaïque, caractéristique de ce style.

Fronton du temple d'Aphaïa en marbre de Paros - partiellement reconstitué
(île d'Egine)


Guerrier troyen tombé au sourire archaïque
(situé à droite du fronton)


Période Classique
de - 450 à - 323 av. J.-C.

  C'est en mer Égée qu'est née la grande sculpture en pierre. Les carrières de Paros et de Naxos fournissent la matière première pour la grande sculpture archaïque et classique. En Attique, territoire de la cité-État d'Athènes, les carrières du Pentélique succèdent à celles de l'Hymette et des Cyclades.

  Les ateliers de production sculpturale d'Athènes occupent un rôle important et voient naître des changements de style. Les compétences techniques des sculpteurs évoluent avec l'étude des mouvements et de l'anatomie. Les drapés habillent les corps, les poses sont désormais plus naturelles et les traits des visages dépeignent les sentiments animant le sujet. Le mouvement gagne en liberté et en naturel, le canon esthétique est né.

Le premier classicisme (- 450 à - 430)
  Le temple de Zeus à Olympie est l'édifice ou se manifeste pour la première fois la recherche d'effets esthétiques qui conjuguent l'architecture et la sculpture. Le monument abrite la statue monumentale de Zeus réalisée par le sculpteur athénien Phidias. Aujourd'hui disparue, elle est considérée à cette époque comme la troisième des sept merveilles du monde.
La statue d'environ douze mètres de haut est réalisée selon la technique chryséléphantine. Elle consiste à recouvrir une structure en bois de plaques d'or et d'ivoire. L'or forme les cheveux, la barbe, les sandales et la draperie, tandis que l'ivoire donne l'aspect de la peau au corps nu.


Reproduction de la statue dans le temple de Zeus à Olympie
(statue chryséléphantine, or et ivoire)
  Plusieurs ateliers originaires de toute la Grèce collaborent à l'ornementation des frontons et des métopes sous la tutelle de l'architecte Libon d'Elis.
  Ce vaste chantier constitue un terrain d'expérimentation pour les sculpteurs, ce qui fait du monument un véritable manifeste de l'esprit nouveau qui anime les sculpteurs grecs de cette période.

  Mais Phidias est certainement le meilleur représentant du style classique à son commencement.
Bien que réaliste dans sa représentation de l'anatomie humaine, il transmet à ses sculptures un sentiment de majesté et de sérénité. Phidias abandonne la frontalité du corps pour l'inscrire ici dans un mouvement rapide, vigoureux, qui anime ses compositions.

Apollon et le combat des Centaures et des Lapithes
(Temple de zeus à Olympie - Fronton ouest - Marbre de Paros)

Cavaliers dans la procession des Grandes Panathénées par Phidias
(Le Parthénon sur l'acropole d'Athènes - Marbre de Paros)

  Au Parthénon ses bas-reliefs impressionnent par la rigueur de leur composition, leur souci du rythme et leur grande minutie. Phidias introduit dans les scènes des contrepoints comme des personnages retournés ou à contre-courant et joue sur les courbes.
Il détache et étage ses personnages pour donner l'impression de multitude sans créer la confusion.
Chacun des sujets est une véritable sculpture.
  C'est durant cette période qu'un autre sculpteur dominant, Polyclète, rédige un ouvrage qui va perdurer pendant toute l'Antiquité : "Le Canon". Il y décrit un système de proportions et un mode de représentation typique qui anime le corps entier.

Le Doryphore ou Porte-lance par Polyclète
(Temple de zeus à Olympie - Fronton ouest - Marbre de Paros)
  Polyclète entrepris de le démontrer en réalisant une statue dont toutes les parties forment une proportion parfaite, Le Doryphore :
" La tête entre au total sept fois dans le corps, deux fois entre les genoux et les pieds, deux fois dans la largeur des épaules et deux fois dans la hauteur du torse "
  La posture est particulière, elle adopte une attitude qui permet d'introduire du dynamisme dans la composition, tout en soulignant la cohérence du corps et le lien des différents muscles entre eux. Elle est nommée contrapposto ou hanchement car une des deux jambes porte le poids du corps, l'autre est laissée libre et légèrement fléchie en arrière, ce qui provoque un basculement des hanches et une inclinaison à l'inverse des épaules.
La musculature est puissante, avec des sillons inguinaux et des pectoraux très marqués, la tête est tournée du côté de la jambe d'appui et n'offre aucune expression particulière.
Cette attitude, tout en suggérant la profondeur, donne plus de légèreté et de souplesse à la figure.

  Ce schéma répété au premier classicisme ne va varier que par la position des bras et la nature de l'objet tenu, qui introduit un élément narratif ou précise la discipline de l'athlète.

  Le Discobole du sculpteur Myron, célèbre pour ses sculptures de gymnastes en action, en est un exemple bien connu.

  Le corps de l'athlète est représenté avec une extrême précision. L'athlète s'apprête à lancer le disque dans un geste saisi sur le vif. Le mouvement se développe en spirale sur plusieurs plans : les jambes, le torse, les bras, la tête. Tous les muscles sont tendus dans un effort souple et continu.

Le Discobole
(copie romaine d'après Myron)
Le maniérisme (- 430 à - 370)
  Un style sculptural nouveau apparaît durant cette période. À la préciosité et la légèreté des nouvelles architectures, s'associe une nouvelle manière d'aborder la sculpture en bas-relief, dans laquelle la figure féminine va trouver une nouvelle expression, le "maniérisme".

  La tendance est à la virtuosité et à la sensualité. Les draperies voltigent et soulignent les formes gracieuses du corps féminin en créant un effet de transparence, parfois nommé "drapé mouillé" ou encore de "transparent".

Aphrodite au pilier
(Copie romaine d'après Alcamène)
La Victoire attachant sa sandale du temple d'Athéna illustre parfaitement ce type de représentation. Elle est attribuée au sculpteur Agoracritos de Paros, un fameux disciple de Phidias.

  D'autres artistes importants marquent cette période, Alcamène, également élève de Phidias ou Callimaque, à qui on attribue (à tort ou à raison) le fameux chapiteau corinthien caractérisé par l'emploi de feuilles d'acanthe.


Chapiteau de l'ordre corinthien

Athéna ajustant sa sandale
(Temple d'Athéna Acropole d'Athènes
Marbre pentélique)
  Au temple d´Apollon Epicourios à Bassae les thèmes des frises ioniques évoquent la Centauromachie, le combat des Centaures et l'Amazonomachie, le combat des Amazones. Les corps nus alternent avec les drapés, les gestes sont expressifs et les détails réalistes.

Combat des amazones
(temple d´Apollon Epicourios à Bassae)

Combat des Centaures
(temple d´Apollon Epicourios à Bassae)


Néréide - Tombeau d'Aubinas
(Xanthe)
  Le monument des Néréides de Xanthos (Turquie) est réalisé par les grecs durant cette période. Des statues féminines sont sculptées entre les colonnes, les Néréides, des nymphes de la mer qui ont pour mission d'accompagner les âmes des morts. Leurs drapés plissés, plaqués sur leur corps et gonflés par le vent, leurs mouvements légers révèlent toute la sensualité et la préciosité des détails de ce style.

  Cette époque est un grand moment pour le corps féminin comme le style du premier classique l´est pour le corps masculin.


monument des Néréides de Xanthos

Le second classicisme (- 370 à - 323)
  Après une période marquée par la poursuite du maniérisme, la sculpture retrouve une certaine sobriété. Les canons sont affinés, l'interprétation est plus légère, moins rigide.
La renaissance de l'Ionie attire les meilleurs sculpteurs et bronziers et chacun d'eux exprime l'esprit nouveau de l'époque avec son tempérament en marquant l'histoire de la sculpture : Timothéos - Praxitèle - Lysippe - Scopas de Paros - Léocharès - Bryaxis.
Nombreux d'entre eux collaborent à la réalisation du Mausolée d'Halicarnasse (cinquième des sept merveilles du monde antique), dont il ne reste malheureusement que quelques vestiges disséminés dans les musées du monde.
D'ailleurs, seulement quelques œuvres ou fragment des sculptures de ces artistes ont pu être retrouvées. La plupart du temps nous les illustrons en montrant des copies réalisées par les artistes de l'Empire Romain qui les ont succédé.

  Au début de cette période, le sculpteur Timothéos prolonge et diffuse encore dans ses œuvres le maniérisme, mais amorce aussi une forme d'exaltation qui dominera le second classicisme.

  Léda et le cygne. Elle est reine de Sparte et aimée du dieu Jupiter. Il l'approche sous la forme d'un cygne et s'unit à elle alors qu'elle se baigne dans le fleuve. La statue représente le moment où le cygne cherche refuge contre l'attaque d'un aigle et où Léda, le pressant contre elle, le protège de son manteau
L'effet de transparence de la draperie sur le torse de Léda et les lourds plis de tissu entre ses jambes caractérise le style Timotheos.

  Asclépios est le dieu et fondateur de la médecine pour les grecs de l'antiquité. Il détient le pouvoir magique de guérir et de ramener à la vie. Son attribut principal est le bâton autour duquel s'enroule un serpent (aujourd'hui symbole de la médecine). Timothéos réalise sa statue à Épidaure, son principal lieu de culte où il guérit les pèlerins par incubation (un rite divinatoire consistant à dormir dans ou près d'un sanctuaire pour obtenir, sous la forme d'un songe, les prescriptions du dieu guérisseur).

  Néréide ou Aura sur un cheval, en marbre pentélique, trouvée à Épidaure (acrotère droit du fronton ouest du temple d'Asclépios). La déesse est représentée assise sur un cheval surgissant de l'Océan.


Léda et le cygne
(copie romaine d'après Timothéos )

Asclépios
(copie romaine d'après Timothéos )

Néréide ou Aura d'Épidaure
(par Timothéos )

  Athènes abritent de nombreux ateliers et reste un foyer important de création. Le nom du sculpteur Praxitèle y est synonyme de beauté parfaite et démontre l'excellence atteinte par les maîtres du passé. Dans ses différents thèmes, Praxitèle s'attache à traiter l'adolescence, le nu viril au repos ou l'épanouissement féminin.


L'Aphrodite de Cnide
(copie romaine d'après Praxitèle)
  L'Aphrodite de Cnide est l'une de ses œuvres les plus célèbres et fait l'objet de nombreuses répliques.
Elle représente la déesse au bain, et, bien qu'offrant une certaine pudeur, c'est la première représentation connue de la nudité féminine complète dans la grande statuaire grecque.
Le visage forme un ovale très allongé et bien régulier. Le front est défini par un triangle, les arcades sourcilières forment un arc de cercle régulier vers le nez, les yeux sont doux, la bouche est petite et sensuelle.

Visage de l'Aphrodite de Cnide
(copie romaine d'après Praxitèle)

  Ses personnages masculins adoptent une pose parfois efféminée par le modelé moelleux de leur torse ou les lignes de leur visage estompées. Les draperies sont réalistes et certains éléments sont ajoutés dans les compositions, comme des troncs d'arbres.

  Avec l'Apollon Sauroctone, Praxitèle représente le dieu s'apprêtant à tuer un lézard placé sur un tronc. La pose souple et détachée donne à la figure une grande liberté.

  Le Satyre au repos, quant à lui, marque définitivement la rupture avec le premier classicisme et annonce déjà le réalisme de l'époque suivante. Ici aussi, il utilise un soutien afin de donner à la figure une pose dégagée.

  Hermès portant Dionysos est réalisé à la fin de sa carrière. Il marque un surprenant retour aux formes fixées par Polyclète, si ce n'est la grâce et sensualité qui se dégage de l'ensemble, comme le regard caressant porté par Hermès à l'enfant.

Apollon Sauroctone
(copie romaine d'après Praxitèle)

Hermès portant Dionysos
(copie romaine d'après Praxitèle)

Satyre au repos
(copie romaine d'après Praxitèle)

  Le sculpteur Lysippe de Sicyone, peintre et bronzier, puis sculpteur attitré d'Alexandre marque aussi cette période par ses innovations. Il utilise un nouveau canon de 8 têtes dans la hauteur du corps au lieu des 7 têtes préconisées par Polyclète. Cette simple théorie procure à ses œuvres un aspect plus élancé du corps humain.

  L'Apoxyomène représente un athlète nu qui se nettoie en se raclant la peau avec un strigile. La statue n'est plus uniquement frontale, le bras tendu à angle droit provoque l'envie de se déplacer pour bien saisir le mouvement. La musculature est moins marquée que chez Polyclète, mais la posture dite "contrapposto" (hanchement) est utilisée. La tête étonne par sa petite taille (un huitième du corps entier), ce qui renforce l'effet d'élancement.

  L'Hercule Farnèse est représenté au repos, appuyé sur sa massue, sur laquelle est posée la peau du lion de Némée qu'il a tué et dépouillé. Dans la main droite, derrière son dos, il tient une pomme d'or du jardin des Hespérides. Comme avec l'Apoxyomène, le corps bien que massif, n'exagère pas la musculature. Le sculpteur veut ici introduire le corps humain dans l'espace en jouant de la position des bras et des jambes pour multiplier les angles de vue.

  Éros bandant son arc, La figure, dont le poids est supporté par la jambe gauche, est disposée en fonction des diagonales formées par les bras tendus vers la droite et tenant l'arc. Dans l'effort du mouvement, le jeune garçon réalise une légère torsion du buste vers la droite, accompagnée par une inclinaison de la tête dans la même direction. Dans son œuvre, Lysippe n'a de cesse de multiplier les recherches sur le mouvement et le rôle de la lumière pour donner à son art plus de réalisme et d'expression.

Apoxyomène
(copie romaine d'après Lysippe )

Héraclès Farnese
(copie romaine d'après Lysippe )

Éros bandant son arc
(copie romaine d'après Lysippe )


  Scopas est un architecte et aussi un sculpteur prolifique de cette période. Il ne travaille presque exclusivement que le marbre de sa patrie, celui de Paros. Toutes ses œuvres connues sont des représentations divines, statues de culte en marbre ou figures mythologiques diverses.
Il collabore avec Praxitèle , dont le style est d'ailleurs assez proche. Mais il s'en écarte parfois préférant la force de l'expression et la vigueur de l'action au repos et au sentiment. Il est réputé pour l'intensité que procure ses œuvres, bouche entrouverte, narines palpitantes et accentuation du regard.


Tête d'Hygie retrouvée dans les ruines
du temple d'Athéna Aléa de Tégée
(par Scopas)

  La Ménade fait certainement partie d'un groupe. Les Ménades sont ces femmes possédées qui personnifient les esprits sauvages de la nature. Elles sont vêtues d'une peau de bête, d'un thyrse et d'un tambourin et paradent aux côté des satyres. Toujours ivres, en transe, lorsqu'elles atteignent le paroxysme de leur délire, elles s'attaquent aux voyageurs qui s'aventurent sur les routes, les démembrent et les dévorent.
Dans la statuaire grecque classique, elle sont représentées les bras écartés, prises par la danse et bondissantes. Leurs vêtements comme leurs cheveux semblent flotter dans le mouvement. Cette copie, inspirée du sculpteur Scopas, porte en elle un grâce toute particulière tout en traduisant une sauvagerie primitive.

  L'Apollon à la lyre ou Apollon Pothos se réfèrent à une idée philosophique décrite par Platon. Il distingue à l'intérieur de "l'éros" (courant qui vient du dehors se couler dans l'âme) deux variétés, le "pathos", désir de l'objet absent, par opposition à l'himeros", désir de l'objet présent. L'original de Scopas tendait ses bras en avant dans un élan passionné, Apollon souffrant de l'absence de l'être aimé. Certainement par pruderie, l'interprétation romaine présentée ci-dessous lui a placé une lyre entre les mains en le réduisant à un simple dieu de la musique, "Apollon cithariste".

  Méléagre est une des dernières réalisation de Scopas. Il représente un héros de l'antiquité, Méléagre, fils d'Œnée, roi de Calydon. Le jeune homme se repose après avoir tué de son javelot le monstrueux sanglier de Calydon qui dévastait les terres de son père, tuant hommes et bêtes sur son passage.


Ménade
(copie romaine d'après Scopas)

Apollon à la lyre
(copie romaine d'après Scopas)

Méléagre
(copie romaine d'après Scopas)

  Léocharès est un sculpteur athénien dont la majeure partie de l'œuvre est consacrée à l'étude des types divins, et principalement des Olympiens.
Élève de Scopas et collaborateur de Lysippe, son style se distingue par la qualité graphique des draperies, la souplesse des compositions et la légèreté des silhouettes.

  Artémis est l'une des douze divinités de l'Olympe déesse de la Lune et de la Chasse. Ses attributs sont la biche, l'arc en or, le carquois, les flèches et le croissant de lune. Léocharès représente Artémis avec un visage assez rude et donne à son corps un mouvement croisé très dynamique.

  Le Portrait d'Alexandre le Grand est remarquable par l'intensité et l'intelligence de l'expression, la sensualité frémissante de la bouche et la chevelure léonine.

  L'Apollon du Belvédère est une copie romaine en marbre, certainement réalisé à l'origine en bronze par le sculpteur. Elle représente le dieu Apollon en marche, tenant un arc à la main.
Le dieu est représenté plus grand que l'homme, nu, portant des sandales et une chlamyde (un manteau) sur les épaules. Le carquois porté en bandoulière confirme que le dieu tenait un arc dans la main gauche. Dans la main droite, il pouvait tenir une flèche (dieu vengeur) ou un rameau de laurier noué de bandelettes (dieu purificateur).


Artémis ou Diane de Versailles
(copie de Guillaume Coustou)

Portrait d'Alexandre le Grand
(par Léocharès)

L'Apollon du Belvédère
(copie d'après Léocharès)

  Bryaxis, un carien de l'Anatolie rejoint les sculpteurs Scopas, Timothéos et Léocharès pour exercer son art en participant à l'ornementation du côté nord du Mausolée d'Halicarnasse.
Son œuvre est peu connue, mais les quelques indications le concernant décrivent un style assez fougueux, des silhouettes élancées et des compositions faites d'obliques marqués et teintées d'exotisme.

  Frise représentant une amazonomachie. Ce bas-relief a été trouvé à Athènes. Il est en marbre pentélique et représente deux amazones armées combattant un guerrier grec nu (amazonomachie).

  Le Sérapis d'Alexandrie est une divinité introduite en Égypte par Ptolémée Ier (le roi grec du royaume d'Egypte) désireux d'instaurer un culte commun aux Égyptiens et aux Grecs.
Ce dieu réuni les attributs de différents dieux grecs : Hadès (dieu des Enfers), Asclépios (dieu de la médecine), Dionysos (dieu du vin) et Poséidon (dieu des mers). Il est donc à la fois dieu des morts, dieu guérisseur, dieu de la fertilité et protecteur des marins. On en fit un dieu suprême et son culte gagna la Grèce, Rome, l'Asie Mineure et la Gaule romaine.
Dans ses différentes reproductions, le caractère infernal de Sérapis est souvent souligné par l'utilisation du basalte pour sa couleur sombre. Il se peut que l'œuvre originale de Bryaxis ait été réalisée avec plusieurs alliages sombres et des émaux, à l'exemple de la technique chryséléphantine (utilisation de plaques d'ivoire et d'or assemblées sur une armature de bois). Les quatre ou cinq boucles qui tombent sur son front, comme le calathos ou modius qu'il porte sur la tête, font parties de ses caractéristiques.

Amazonomachie
(par Bryaxis)

Sérapis
(copie en marbre d'après Bryaxis)


Période Hellénistique
de - 330 à - 30 av. J.-C.

  La sculpture hellénistique conserve les innovations du second classicisme. Ronde-bosse parfaite, étude des drapés, transparence et souplesse des attitudes, points de vue multiples.
Toutefois, les sculpteurs de cette période veulent donner plus d'expressivité à leurs figures en se tournant vers une représentation naturaliste, c'est-à-dire très proche de la réalité.
l'hellénisme induit des dynamiques mais aussi des sentiments, souvent théâtralisés. Une statue hellénistique met en scène un instant figé, un mouvement arrêté.

  A la mort d'Alexandre le Grand, le territoire immense qu'il a conquit est laissé en pâture à ses successeurs. Naissent alors une mosaïque de petits royaumes. Ils s'appellent royaumes de Pergame, d'Arménie ou de Sicile. A coté, poussent des cités libres telles que Corinthe, Rhodes ou Alexandrie.
En créant de grandes capitales et en désirant les doter de magnifiques édifices publics (temples, bibliothèques, monuments, théâtres, parcs, rues bordées de colonnades, etc.), les monarques stimulent la production artistique en donnant aux artistes l'occasion d'exercer leur talent.
Parallèlement, une classe de hauts fonctionnaires et de riches hommes d'affaires voit le jour. Ils sont eux aussi désireux d'embellir leurs demeures de jolies œuvres.
A travers toute la Méditerranée et jusque dans l'intérieur des terres, les échanges culturels se multiplient et créent une émulation qui influence les artistes.

Trois styles importants se distinguent au cours de cette période :
Le baroque hellénistique - Le rococo hellénistique - Le style rétrospectif

  Le baroque hellénistique :

 L'exemple le plus célèbre du baroque hellénistique s'observe dans les fresques sculptées du Grand Autel de Pergame.

Grand Autel de Pergame
(reconstitution au musée de Pergame - Berlin)
  Les frises du Grand Autel de Pergame représente une gigantomachie qui s'étale sur 110 mètres de long. C'est l'illustration dans la pierre d'un poème composé spécialement pour la cour. Les Olympiens y triomphent de Géants dont la plupart sont transformés en bêtes sauvages : serpents, oiseaux de proie, lions ou taureaux. Leur mère Gaïa, venue à leur aide, ne peut rien faire et doit les regarder se tordre de douleur sous les coups des dieux.

  Imposante et théâtrale, les figures doivent avant tout impressionner l'observateur. La composition est dynamique et multidimensionnel avec des personnages sur plusieurs plans. La violence des actions et l'intensité des émotions s'expriment à l'excès dans des scènes efficaces, pathétiques et expressives. Les mouvements vifs hélicoïdaux et les torsions donnent de l'amplitude, les drapés sont débridés et les musculatures puissantes et en tension.

Grand autel de Pergame - Scène de la Gigantomachie
(frise au musée de Pergame - Berlin)
  Le rococo hellénistique :

  Le rococo est un mouvement asianiste né dans l'Orient hellénistique. Il se caractérise par un goût pour l'exotisme qui met l'accent sur les sujets mineurs, charmants ou bizarres, dans un ton plus léger et décoratif.
Les thèmes galants plus anecdotiques sont abordés, comme des enfants jouant ou copiant des comportements d'adultes, des grotesques, des érotes ou des scènes mettant en jeu les cortèges de Dionysos et d'Aphrodite.

  L'érotisme gagne en popularité au cours de cette période et les statues d'Aphrodite, d'Eros, de satyres, de Dionysos, de Pan et d'hermaphrodites sont représentés dans une multitude de configurations.
  Le groupe Aphrodite, Pan et Éros a été découvert dans la Maison des Poséidoniastes de Beyrouth à Délos. Il représente la déesse Aphrodite tentant de garder Pan à distance en le menaçant de sa sandale en présence d'Éros.
Le corps voluptueux d'Aphrodite contraste avec l'aspect grotesque de Pan qui tente de la séduire, elle est souriante et n'a pas peur, c'est une déesse après tout... Son immense pouvoir érotique est personnifié par la présence d'Eros. Il semble voler et, en tenant une corne de la créature et laisse l'observateur dubitatif quant au déroulement de la scène : s'amuse-t-il de la situation, porte-t-il assistance à sa mère, ou bien encore, aide-t-il malicieusement Pan à l'aborder ?...

  Le tireur d'épine reprend l'interprétation du coureur athlétique, mais ici, l'œuvre capture la concentration intense d'un garçon occupé à extraire une épine de son pied. L'artiste, dans la douceur des lignes cherche simplement à émouvoir le spectateur et non plus à glorifier le héro.
Cette statue n'a de cesse de fasciner au fil des siècles est a une profonde influence sur les artistes qui en font de nombreuses copies et interprétations.

Aphrodite surprise au bain ou Vénus accroupie ou Vénus de Lely est un sujet populaire auprès des sculpteurs grecs, puis chez les romains qui la nomment Vénus. Ici, la déesse est surprise lorsqu'elle se baigne, elle se tourne et couvre pudiquement sa poitrine avec la main. Sa tête est dirigée sur le côté, peut-être peut être pour éviter le regard d'un intrus...
Comme beaucoup de sculptures grecques de l'époque hellénistique, la statue originale a été conçue pour créer une interaction entre l'œuvre et l'observateur. Chacun des points de vue présente un aspect étonnamment différent de la déesse nue.

Aphrodite, Pan et Éros
(œuvre hellénistique de Délos)

Le tireur d'épine
(copie romaine d'inspiration Hellénistique)

Aphrodite surprise au bain
(copie romaine d'inspiration Hellénistique)

  Le style rétrospectif :

  Le public dans son ensemble à gardé une nostalgie de l'académisme et du style classique. On glorifie encore les maîtres du Ve et IVe siècles av. J.C. et les romains, comme nouveau commanditaires, en sont friands.
On trouve ainsi un courant néoclassique, marqué par des visages doux et idéalisés, un canon élancé, une sensualité des chairs, des effets de drapés et un aspect tridimensionnel, ou encore un courant néo-archaïque, marqué par le port du chiton et d'un himation transversale et par des plis torsadés. La composition est hélicoïdale, et marquée par un ballonnement du ventre et une compression des chairs, typiquement hellénistique. Les portraits, quant à eux, se teintent de naturalisme sous l'influence de l'art romain.

  La Vénus de Milo, retrouvée dans l'île de Mélos (dite Milo) est certainement la figure la plus célèbre de ce style qui clos l'époque hellénistique.
Le genre renoue avec des thèmes classiques proche de celui de Praxitèle, mais innove aussi en se libérant de l'héritage du passé et en faisant preuve d'une originalité créatrice.
Ainsi, l'expression du visage conserve une certaine sévérité "classique", alors que le corps est animé d'un mouvement de torsion qui s'inscrit dans toutes les dimensions de l'espace et est véritablement senti comme une œuvre de ronde bosse. Cette silhouette mouvante, tourbillonnante et ce modelé si réaliste sont la preuve du génie de son créateur.
Admirée de tout temps, le poète Henri Heine la nommait "Notre Dame de la Beauté", tandis qu'un autre, Leconte de Liste, déclamait : "Pure comme un éclair et comme une harmonie, ô Vénus, ô beauté, blanche mère des dieux".
Sans oublier le sculpteur Auguste Rodin qui louait son ventre splendide, large comme la mer...

Le portrait d'Homère compte parmi les nombreux portraits imaginaires d'Homère, l'auteur de l'Iliade et de l'Odyssée. A l'époque hellénistique, Homère incarne le poète par excellence et jouit d'une grande ferveur populaire, au point de recevoir un culte et d'être honoré à l'égal d'un dieu.
De nombreux portraits ornent les bibliothèques des milieux savants d'Athènes, d'Alexandrie et de Pergame. Celui-ci, à travers un vocabulaire pourtant réaliste, présente une image idéale et vénérable du vieil aède inspiré par les dieux et tourné vers sa vision intérieure.
Le traitement pathétique du visage marqué par l'âge accuse la déchéance physique du vieil homme. La fixité du regard et les orbites profondément creusées trahissent la cécité dont il souffre. Les mèches de sa chevelure et de sa barbe sont animées d'un souffle divin...


La Vénus de Milo
(son visage)

La Vénus de Milo
(face et dos)

Portrait d'Homère
(copie romaine d'inspiration Hellénistique)

  Durant cette période et sous ces influences, plusieurs ateliers possèdent leur école et se distinguent par leurs productions :
Les Ateliers Rhodiens

  Les ateliers rhodiens rassemblent des sculpteurs itinérants, venant de régions variées. Ils sont assimilés en recevant la citoyenneté de l'île. Les divinités adorées et souvent représentées par les artistes de Rhodes sont Athéna, Zeus ou Sérapis.
  La riche cité de Rhodes et surtout connue pour son fameux Colosse de bois et de bronze, une des sept merveilles du monde antique réalisée par Charès de Lindos, un disciple de Lysippe.
Détruite par un séisme, il ne reste plus aujourd'hui aucune trace du colosse. La statue de plus de 30 mètres représentait le Dieu du soleil Hélios ou bien le dieu Apollon et symbolisait la résistance victorieuse des Rhodiens contre le conquérant Démétrios.

  Mais la statue rhodienne la plus renommée et qu'il est encore possible d'admirer est la Niké juchée sur la proue d'un navire. Conservée au musée du Louvre, elle est mieux connue sous le nom de Victoire de Samothrace.


La Victoire de Samothrace
(détail)

La Victoire de Samothrace
(vue d'ensemble)

  Le groupe du Laocoon et ses fils punis par le dieu Apollon est également une œuvre magistrale. Réalisée par les sculpteurs rhodiens Agésandre, Polydore et Athénodore, la scène raconte un épisode de la guerre de Troie :
  Un cheval offert par les Grecs est aux portes de la cité et le prêtre Laocoon s'oppose à son entrée pensant à juste titre qu'il s'agissait d'un piège (le cheval de Troie...).
D'après l'Enéide, des serpents venus de la mer attaquent et tuent les deux fils du prêtre puis Laocoon lui-même avant de se réfugier dans le temple d'Athéna. Les Troyens interprètent alors cet événement comme un châtiment divin contre le prêtre qui outrageait les dieux en refusant cette offrande et laisse entrer le cheval dans la cité en tombant dans le piège...
  Les sculpteurs n'ont pas choisi de représenter la mort de Laocoon mais le moment précis de sa souffrance et de celle de ses enfants étouffés par les serpents.

  Cette sculpture reflète la grande maîtrise technique des trois sculpteurs rhodiens. La recherche du détail, la puissance, l'atmosphère dramatique de la scène, le goût du pathétique, le "pathos", du monde hellénistique trouve ici tout son essor.

  La scène, comme prise sur le vif, traduit la tension dramatique à travers le visage des personnages. Les yeux sont exorbités, désespérés, les muscles sont tendus, les corps sont tordus et emprisonnés, la torture est physique et morale. Les serpents qui s'enroulent autour des personnages impuissants, assurent un lien logique qui harmonise la lecture de l'œuvre. Laocoon et un de ses fils sont acculés à l'autel ce qui permet aux rhodiens d'accentuer la notion de fatalité. C'est un dieu qui a envoyé ces serpents, il n'y a donc pas d'échappatoire possible.

Laocoon et ses fils punis par le dieu Apollon
(copie d'après Agésandros, Athénodore et Polydore)

  On montre ici des éléments qui s'opposent et qui s'unissent à la fois. Laocoon est debout, robuste, mais aussi figé sur place, alors que les mouvements des serpents sinuent, s'enroulent. Le corps paraît jeune, mais la tête est celle d'un homme vieilli. Les muscles indiquent la force alors que le visage montre la perte des fonctions vitales. La tension entre la force et la perte de détermination indique l'état du mourant héroïque.

  L'œuvre a beaucoup inspiré les artistes tels que Bandinelle, Michel-Ange ou encore Parmigianino. C'est un mythe qui attire aussi les photographes comme Braun ou bien l'artiste Pierre Paul Rubens. Elle est représentée aussi bien sous forme de peintures, de bronze ou de marbre.

Les Ateliers Pergaméniens
  Pergame est le siège d'une école de sculpture brillante, dite du "baroque pergaménien". Les sculpteurs, tout en citant les siècles précédents, mettent en scène des moments douloureux qu'ils rendent expressifs par des compositions tridimensionnelles avec un hyperréalisme anatomique. La force des détails et la violence des mouvements sont les caractéristiques du style pergaménien.
Elles sont poussées à leur paroxysme et parfaitement illustrées par les frises du Grand Autel de Pergame décrites précédemment dans la description du baroque hellénistique.
  Le sculpteur Epigonos de Pergame exprime aussi par ses œuvres cette tendance. La représentation du Gaulois mourant, symbolise la victoire d'Attale Ier sur les Celtes de Galitie.
Ici, la figure torturée, dans sa nudité héroïque introduit avec force, mouvement et tension la douleur d'un homme vaincu, sur le chemin de la mort. Le tragique réside dans la résistance du Gaulois face à l'agonie.
Bien entendu, on glorifie ici la civilisation attalide qui a réussi à vaincre ces honorables guerriers mais, à l'inverse d'autres emblèmes de victoire, le soldat n'est pas désavoué mais représenté dans toute sa noblesse.

  Dans la même veine, le Galate se suicidant avec sa femme montre un guerrier gaulois vaincu qui s'afflige un coup d'épée mortel.
La scène théâtralisée et réaliste à l'extrême le représente nu car c'est un combattant du premier rang, sans bouclier ni cotte de maille. Il se plonge une épée sous la clavicule pour atteindre le cœur. La pointe du glaive est enfoncée dans la chair et un flot de sang s'en échappe. De l'autre main, il soutient sa femme morte ou mourante. Son riche vêtement indique son rang élevé de femme de chef ce qui lui interdisait la honte de tomber vivante aux mains de l'ennemi et de subir l'esclavage, destin habituel des vaincus.

Le gaulois mourant
(copie romaine d'après Epigonos de Pergame)

Galate se suicidant avec sa femme
(copie romaine d'après une œuvre pergaménienne)

ANTIQUITE ROMAINE
Monarchie : Art Etrusque
de - 700 à - 509 av. J.-C.

  La civilisation étrusque s'est développée à partir de la fin du VIIIè s. avant J.C. sur les sites occupés précédemment par les Villanoviens. Leur territoire, l'Étrurie antique, correspondant à peu près à l'actuelle Toscane et au nord du Latium, soit le centre de la péninsule italienne, avant la période de la royauté romaine.
L'art produit par cette civilisation est d'une grande richesse. Peinture, joaillerie, métallurgie et sculpture, les Étrusques sont de grands artistes et artisans.

  Comme l'essor même de son peuple, celui de son art fut rapide. Les Etrusques vendent leurs riches gisements miniers (cuivre, plomb et argent) à la Grèce et au Proche-Orient. Attirés par ces nouveaux mécènes richissimes, un grand nombre d'artistes grecs s'installe en Etrurie pour y travailler. La grande sculpture et la fresque naissent sous l'influence de l'art archaïque grec qui sert d'inspirateur et de modèle à l'art étrusque.

  La sculpture étrusque a d'abord pour objet de rendre un culte aux ancêtres. Dans la période orientalisante, les sculpteurs sont indifférents à reproduire les formes du corps avec réalisme. La production de sarcophage et d'urnes cinéraires reste jusqu'au bout un des éléments les plus caractéristiques de l'art étrusque.
Les artistes travaillent le plus souvent la terre cuite ou le bronze qu'ils maîtrisent à la perfection (laminage, fonte pleine ou creuse d'alliage au cuivre local et à l'étain importé).
Secondairement d'autres matériaux sont travaillés comme l´albâtre, l´ivoire et l´ambre ou encore les roches locales, souvent métamorphiques : nenfro, pépérin, tuf, travertin et pietra fetida.

  Au VIème siècle, les Couroi (homme nu debout) et les Coré (femme drapée debout) imagées par les Grecs sont interprétés avec la saveur étrusque.

Tête d'Hermès
(terre cuite par le sculpteur Vulca)
  Les corps paraissent plus souples et dynamiques, les visages gagnent en expression grâce à leur sourire énigmatique.
Indifférents aux proportions du corps humain, les sculpteurs étrusques sont plus attentifs à l´expression (yeux, bouche, mains) et au détails des vêtements ou des parures.

  Un des rares noms connu de sculpteur de cette époque est celui de Vulca. Ses statues grandeur nature en terre cuite viennent orner le faîte du temple de Minerve, situé à Portonaccio, près de Véies.

Apollon de Véies
(terre cuite par le sculpteur Vulca)
  Sa représentation d'Apollon montre la forte influence grecque, jambe qui fait un pas en avant et "sourire archaïque", mais illustre aussi parfaitement tout le charme qui émane de l'art étrusque.

Urne cinéraire
(terre cuite)
  L'influence grecque se retrouve encore clairement dans l'art étrusque au Vème siècle avant J.C.
L'ensemble dit des chevaux ailés est un fragment du fronton d'un temple étrusque, l'autel de la reine, situé dans l'ancienne ville de Tarquinia.
Ces chevaux tiraient probablement le chariot d'un Dieu ou d'une Déesse. La singularité des couleurs, la puissance du modelé et le raffinement des détails semblent dépasser l'art grec hellénistique dont il s'inspire.

Chevaux ailés
(Terre cuite peinte)
  Quand la statuaire grecque cherche à produire une émotion artistique, à impressionner l'esprit dans la perfection du rendu des corps, la statuaire étrusque s'attache à laisser une impression de liberté, de joie, de plénitude de la vie.


Chimère d´Arezzo
(bronze)
  Après une période de déclin, le IVème siècle avant J.C. voit un renouveau dans la sculpture étrusque avec des figures calmes, des visages impassibles. De la sobriété et de la simplicité de la Louve du Capitole, de la puissance et du fantastique dans la Chimère d´Arezzo.

  C'est le grand siècle de l'histoire des Étrusques, c'est aussi l'apogée de leur art qui s'exprime. Cependant, avant même le milieu du Vème siècle, commence pour l'Etrurie une période de décadence où son inspiration faiblit, les artistes ont tendance à répéter d'anciennes formules.
Alors que jusque-là, l'art grec et l'art étrusque s'étaient développés à peu près simultanément, l'art étrusque semble soudain s'attarder dans la simplification et le formalisme des traditions archaïques. Cela se manifeste par ce sourire "à la Joconde" que l'on retrouve sur de nombreuses statuettes de terre cuite ou de bronze. Alors même que s'affadit la création artistique, la suprématie de l'Etrurie s'affaiblit de plus en plus: en 474, la défaite de Cumes sonne le glas de la thalassocratie étrusque. L'étape suivante sera la domination de Rome sur toute l'Italie.

Mars de Todi
(bronze)
  Les siècles suivants marquent le retour au classicisme grec visible dans l´équilibre et la sérénité du Mars de Todi, le dieu de la guerre, une statue en bronze provenant des ateliers d'Orvieto. Tandis que L'Arringatore (l´Orateur) montre la romanisation progressive de l'aristocratie étrusque. La main tendue du personnage est disproportionnée afin de renforcer l'intention (une forme stylistique de la statuaire étrusque).

L'Arringatore
(bronze)
  Pour être complet concernant la sculpture étrusque, il faut évoquer l'Ombre du Soir, ce jeune garçon nu filiforme, les bras le long du corps, la tête légèrement penchée, le visage fin, arrondi et doux.


Ombre du soir
(bronze)
  Cette statuette votive a été baptisée ainsi par le romancier Gabriele d'Annunzio car sa silhouette lui évoquait une ombre au sol allongée par le soleil du crépuscule.

  Datée du IIIe siècle av. J.-C., elle provient des fonderies antiques de la région de Volterra.

  Pour les Etrusques, cette représentation figure le "corps astral" ou "corps fluidique", à savoir la partie de l'âme qui peut voyager hors du corps qui l'abrite.

  Ce corps émacié à l'extrême influença à l'évidence le sculpteur Giacometti dans toute son œuvre.

Ombre du soir
(détail du buste)


République Romaine
de -509 à -31 avant J.-C.

  Le défilé triomphal des butins de guerre pris aux cités grecques vaincues développe chez les Romains le goût pour les formes helléniques. Séduits par leurs peintures et leurs sculptures, ils s'approprient l'esprit de l'ennemi en s'emparant notamment de leur patrimoine artistique.
Dans les villes, ils glorifient leurs victoires en confiant à des artisans et artistes étrangers, notamment venus d'Athènes, la réalisation entière de programmes architecturaux, d'ensembles statuaires en leur honneur.
Parallèlement, l'art privé (peintures, mosaïques, sculptures) vient embellir les villas des riches familles aristocratiques.

  Durant la période héroïque des débuts et des conquêtes le peuple romain se compose de soldats-paysans, à l'économie simple et à la culture fruste. L'art est un luxe superflu, voir dangereux, lorsqu'il ne sert pas à glorifier la puissance politique et militaire de la cité.
Mais, Rome est en contact étroit et constant avec des peuples de culture avancée, les Étrusques et leurs statues de terre cuite ou de bronze puis les Grecs de Campanie qui affluent à Rome suivis d'artistes qui viennent orner leurs temples de leurs Dieux, Dioscures, Héraclès, Déméter, Apollon...
Les œuvres d'art volées aux cités vaincues, comme celle de Syracuse sont dispersé dans l'Empire Romain. On construit des sanctuaires, des édifices publics et des arcs de triomphe (fornix).
Les arts plastiques se développent également dans une statuaire iconographique, en pierre et en bronze, qui envahie bientôt les places publiques.

  La sculpture romaine connaît alors une forte influence de l'art grec dont ils sont de grands admirateurs. Une importante partie de leurs sculptures ne sont d'ailleurs que des copies des œuvres grecques.
Mais ils développent peu à peu leur propre style dans l'art de la statuaire et en particulier dans l'art du portrait.
Alors que l'artiste grec exprime l'idée d'un homme idéalisé, la mentalité romaine privilégie l'identification et l'individualisation, la recherche de la ressemblance avec le modèle.

     L'art du portrait
  Le portrait a tout d'abord une fonction funéraire et vise à perpétuer la vie au-delà de l'existence terrestre. Les plus anciennes têtes romaines sont des masques funéraires en cire représentant les ancêtres.
Ces portraits sont précieusement conservés dans une armoire placée dans l'atrium (pièce centrale) des riches maisons aristocratiques appelées domus. On les exhibe uniquement au public à l'occasion de sacrifices ou lors du décès d'un membre de la famille.

  La sculpture du Togatus Barberini représente un patricien vêtu d'une toge et tenant le portrait de ses ancêtres. Elle constitue un bel exemple de portraituré portant des portraits...
Les visages sont réalistes, les marques de la vieillesse ne sont pas estompés car les défauts physiques ne sont pas omis dans l'art du portrait.

Togatus Barberini
(marbre)

  Les termes latins employés pour désigner un portrait sont multiples. La représentation d'un personnage est généralement appelée "statua", une statue-portrait en ronde-bosse.
Les différents types sont désignés ainsi :
  • La statua pedestris, un personnage debout
  • La statua equestris, une statue équestre
  • La statua sedens, un personnage assis
  Le terme "imago" désigne alors le plus souvent un buste (bustum) figurant un dieu ou un empereur divinisé (simulacrum ou signum), ou encore un ancêtre.

  Pour les Romains, seule la tête représente vraiment le modèle. Lors de la création du portrait, on fixe la position de la tête et son expression, le type de coiffure ou la nature de la barbe. Contrairement aux Grecs, les nus romains sont quasi-inexistants. Le corps indique le rang social ou la fonction, à travers certains attributs ou vêtements. Il correspond généralement aux désirs du commanditaire ou est adapté à certaines obligations.

  Le type le plus fréquent est l'effigie d'un personnage en toge, un "togatus", le vêtement représentatif du citoyen romain, différent de celui des autres habitants de l'Empire.
Certains attributs indiques les mérites sociaux, religieux et administratifs du personnage. Ainsi, la statue d'un empereur porte parfois un voile sur la tête afin de le désigner comme "prêtre suprême", une manière de mettre en valeur le caractère sacré de l'état.

  Une statue cuirassée (statua thorocata) figure l'équipement des militaires de haut rang.

  Les corps nus ou légèrement voilés du statuaire romain sont réservés aux héros et prennent modèle sur la représentation des dieux de la sculpture grecque.

  Les femmes portent une large tunique et un manteau, inspirés de la Grèce classique. Un élément typiquement romain est parfois associé, comme la "stola". C'est une sorte de grand châle porté sur les épaules, croisé sur la poitrine et couvrant parfois la tête. Il est propre à la femme mariée romaine.

    
Homme portant la toge            femme portant la stola
La propagande
  Pour propager l'image des empereurs et leur fonction auprès des citoyens romains, on diffuse en masse leur portrait dans tout l'empire. On recense ainsi des milliers de statues et bustes d'empereurs figurés à cheval, cuirassés ou bien en toge, dans la position dite en "adlocutio", c'est à dire l'avant-bras tendu.

  Les autorités déploient également la communication officielle au travers de multiples supports sculptés, réalisés en bas-reliefs sur des trophées, des arcs, des colonnes ou des autels.

Empire Romain
-31 avant J.-C. à 476

  Les caractéristiques de l'Art romain s'affirment sous le règne d'Auguste de -27 av JC à 14. Libérés de l'influence grecque, les architectes innovent en proposant leurs propres créations qui deviennent à leur tour des modèles et l'une des figures de proue de l'art. Les reliefs sculptés ornent abondamment les édifices, les arcs et les colonnes.
Le portrait se développe encore, toujours au service de la propagande impériale. Le style évolue du réalisme vers l'expressionnisme.
La sculpture narrative et historique
  La sculpture narrative est essentiellement réalisée en bas-relief. Ces fresques sculptées se lisent comme un livre. On y exprime une idéologie au travers de récits fondateurs glorifiant ou on y rappelle de victorieux faits d'arme.
Les puissants utilisent ce biais pour célébrer un événement important et le fixer dans la mémoire collective. Le style emprunté s'éloigne des exubérances grecques et utilise un style plus sobre, respectant les règles de la structure narrative.

Arc Constantin à Rome
  Le relief historique narratif devient un genre artistique majeur. Parmi les nombreux exemples, on peut citer la grande frise de l'arc Constantin, à Rome ou encore la colonne Trajane dont le bas-relief s'enroule en spirale autour du fût, jusqu'à son sommet. Il illustre la victoire de l'empereur Trajan sur les Daces lors des deux guerres daciques (101-102 et 105-106).

Colonne Trajane à Rome
La sculpture religieuse
  Sous l'Empire, c'est encore le relief qui est utilisé pour faire le récit des légendes divines. Plus aisé à réaliser que la ronde bosse, il permet d'illustrer les scènes mythologique sur les vastes espaces que représentent les monuments. Les représentations classiques des divinités sont parfois associées aux figures impériales.


Retour triomphant de l'empereur Domitien à Rome
L'empereur est entouré de Minerve, Mars, Roma et Victoria

  A partir de la République, les cultes domestiques romains sont basés sur une forte croyance en l'immortalité de l'âme. Ainsi, des laraires sont présents dans les foyers. Ce sont de petits autels creusés afin d'accueillir un foyer dans lequel brûle le feu sacré. Les lares, qui figurent l'âme des ancêtres familiaux, sont représentés par des statuettes ou peints sur une paroi des laraires. Si les lares protègent généralement le foyer ou sont parfois dévolus à la protection des domaines agricoles. Ils reçoivent régulièrement des offrandes et, les jours de fêtes, le laraire est orné de guirlandes.


Laraire en pierre peinte

Lares en terre cuite

  Dès sa naissance, chaque homme est accompagné par un Génie protecteur, la femme par la déesse Junon. Le génie des hommes, appelé Genius, est généralement représenté par un serpent (dessiné ici dans le laraire) .

  D'autres divinités protègent les familles romaines. Le foyer domestique est sous la protection la déesse Vesta et le dieu à deux têtes, Janus, est le gardien de la porte d'entrée.

ART PALÉOCHRÉTIEN
de 200 à 500
  Comme son nom l'indique, l'art paléochrétien marque le début de l'art dédié à la religion chrétienne. Il apparaît entre l'an 200 et l'an 500 après Jésus-Christ.
L'histoire de l'art paléochrétien comprend deux phases distinctes, séparées par l'édit de Milan en 313, qui autorise la liberté de culte dans l'Empire.
Avant 313, l'art est essentiellement symbolique et caché. Il se manifeste ensuite plus explicitement et plus librement pour finalement devenir un art lié à l'État avec Théodose Ier qui fait du catholicisme la religion d'État.
L'Art chrétien avant 313 - Un art funéraire et caché
  Durant les deux premiers siècles après J.C. l'art chrétien est inexistant car la culture païenne domine et persécute les chrétiens. Il leur est interdit de se rassembler publiquement et d'avoir des lieux de culte au grand jour.
Le seul droit que l'état Romain octroie aux chrétiens est celui d'enterrer leurs morts. Du reste, comme le recommande l'un des 10 commandements : " Tu ne te feras point d'image taillée... ", les apôtres et les premiers disciples craignent de faire appel à des représentations figuratives.
Les premiers chrétiens transmettent donc leur foi par la parole, promouvant un culte spirituel, sans temple, ni autel.


Une ancre, un poisson et le Chrisme
(gravure sur pierre)
  Mais les chrétiens regrettent l'absence d'images. Alors, les premières représentations artistiques voient le jour dans les catacombes qu'ils ont creusés et aménagés. C'est ici que les romains les ont autorisé à enterrer leurs morts, en dehors des villes. Pour se souvenir et honorer les défunts on commence par graver leur nom dans la pierre. C'est au profit des morts que les chrétiens commencent donc à admettre le principe d'un art figuratif funéraire. De simples motifs décoratifs neutres permettent des allusions à une vie bienheureuse au paradis et au salut des fidèles. Des thèmes allégoriques sont empruntés aux rites païens, des Amours et Psychés, les Saisons, les travaux agricoles ou les vendanges.

  Au nom du défunt, on ajoute des idéogrammes, signes de la foi. L'ancre symbolise l'espérance chrétienne - Le poisson, le signe de reconnaissance des premiers chrétiens - Le Chrisme figure les premières lettres grecques de nom du Christ (X et P). Elles forment une croix entre A pour Alpha et O pour Oméga, la première et dernière lettres de l'alphabet grec. Elles symbolisent l'éternité du Christ, qui est au commencement et à la fin de tout.

Bon Pasteur
(pierre)
  Les symboles du Bon Pasteur et de l'Orante sont considérés comme des emblèmes courants du christianisme antique.

  Le Bon pasteur, emprunté au modèle romain, figure un berger portant une brebis sur ses épaules. Il représente le symbole de la philanthropie chrétienne et exprime l'amour du Christ envers ses fidèles tout en constituant le gage de leur salut.

  L'Orante ou l'Orant représente une femme voilée ou un homme, bras ouverts et tendus, paumes tournées vers le ciel. Dans l'art profane, ce motif figure une des vertus romaines et devient dans l'art chrétien le symbole de la foi.
Lorsque l'Orante présente des traits personnels, elle peut représenter la défunte qui proclame ainsi sa dévotion envers le Seigneur.

Orante
(gravure sur pierre)
  À la suite de l'abandon progressif de l'incinération en faveur de l'inhumation, la production des sarcophages à décor sculpté se répand largement dès le début du IIème siècle.
Les sarcophages des chrétiens les plus fortunés sont ornés de bas-reliefs. Les thèmes abordés sont divers et vont évoluer des motifs bucoliques évoquant la paix éternelle à la représentation des sacrements chrétiens, comme la communion ou le baptême. Ces symboles marquent l'appartenance à la communauté chrétienne du défunt et assurent son salut, tout en affirmant le dogme.

  Plus tardivement, on illustre ces sarcophages de scènes bibliques relatées dans l'ancien et le nouveau testament (Jonas sur son bateau, Daniel entre les lions, le sacrifice d'Isaac, les miracles du Christ comme la multiplication des pains ou la résurrection de Lazare).

Sarcophage de la Trinité ou "des époux" à Arles
(marbre)
L'Art chrétien après 313
  La tentative de Dioclétien cherchant à étouffer le christianisme échoue en 311 et, en 313, L'Édit de Milan reconnaît la liberté de confessions dans l'Empire romain. Le christianisme sort progressivement de la clandestinité et devient religion d'Etat de l'Empire romain en 380, sous le règne de Théodose Ier.

  Jusque-là cachée, l'Église doit désormais être visible. Pour célébrer le culte, des basiliques sont construites. L'architecture paléochrétienne est héritée de la tradition architecturale classique romaine. Elle ne crée pas un vocabulaire nouveau mais donne un sens nouveau aux éléments qu'elle a autour d'elle pour rassembler les fidèles, éclairer les illettrés et inciter tout ce monde à la prière.
Les lieux sont magnifiés et l'iconographie se développe par la création d'une peinture chrétienne monumentale. La recherche du réalisme est abandonnée au profit du symbolisme. Le Christ barbu remplace le Christ imberbe et, tout comme celle de la Vierge, leur stature doit dominer les saints et les hommes et leur représentation refléter le monde céleste.
Parallèlement, de nouveaux symboles voient le jour, la Croix et le nimbe qui auréole la tête ou le corps du Christ d'un disque ou bien de rayons. La mosaïque devient omniprésente, tandis que l'or, l'argent et le nacre font leur apparition.

  La grande statuaire est abandonnée pour une représentation "miniature", sculptée dans une matière noble, l'ivoire.

  Les sarcophages chrétiens, apparus à la fin du IIème se développent encore à cette période. Son iconographie se détache désormais totalement de la tradition païenne.

  Ci-dessous - en 1359 - le sarcophage du préfet de Rome, Junius Bassus, est orné de sculptures en haut-relief qui représentent des scènes de l'ancien et du nouveau Testament.

Jonas avalé par la baleine
(statuette en ivoire)

Sarcophage de Junius Bassus
(marbre)
En haut, de gauche à droite : Ligature d'Isaac - Arrestation de Pierre - Christ en gloire - Christ conduit à Ponce Pilate - Pilate se lavant les mains
En bas, de gauche à droite : Job dans le dénuement, pleuré par sa famille - Péché originel - Entrée du Christ à Jérusalem - Daniel dans la fosse aux lions - Arrestation de Paul


ART BYZANTIN
de 300 à 1 453
  L'art byzantin se développe dans l'Empire Byzantin, alors situé dans la partie orientale de l'Empire Romain. La période se situe entre la disparition progressive de l'Empire romain d'Occident à partir de 300 et la chute de Constantinople en 1453, conquise par l'Empire ottoman.
Cet art est, à sa naissance, une synthèse de l'art paléochrétien, de l'art classique de l'Antiquité gréco-romaine, de l'art oriental et égyptien.

  Lorsqu'en 313, l'empereur Constantin reconnaît la religion chrétienne une existence légale, il organise la restauration des temples païens détruits et entreprend un vaste programme de constructions nouvelles.
Autrefois païenne, le ville de Constantinople se développe comme une ville chrétienne. Constantin y érige l'église des Saints-Apôtres, un sanctuaire qu'il leur est dédié et qui accueillera plus tard son sarcophage, en tant qu'empereur divinisé.

  L'art paléochrétien a alors moins d'un siècle d'existence et s'est borné à un art funéraire discret, appuyé sur les techniques déjà en connues. Avec la construction et le besoin d'ornementation de nouvelles basiliques, un nouvel art voit le jour. Il offre une transposition chrétienne de l'art romain, l'art byzantin.
L'art pré-byzantin : 379 - 527
  Sous Constantin, la peinture et à la mosaïque sont les arts ornementaux qui dominent. La sculpture se limite à la réalisation de sarcophages semblables à ceux qui précédent la libération du christianisme.

  L'Empereur et l'Église concentrent l'essentiel de la richesse et sont les seuls a avoir la possibilité de financer les constructions, comme les œuvres monumentales auprès des artistes. L'art privé s'exprime surtout dans des arts dits mineurs comme l'ivoirerie, l'orfèvrerie, les émaux et la céramique.


Théodose II
  La grande sculpture décline et la statuaire qui persiste offre la représentation d'une certaine raideur.
Les bustes figés des empereurs Constantin et de Théodose II en sont un parfait exemple.

  À l'art du bas-relief, on préfère le décor en méplat ou bien peint. L'ornementation des chapiteaux de colonnes et des chaires est inspirée de broderies.

Constantin
  La sculpture antique persiste dans les ivoires des grands ateliers d'Alexandrie, d'Antioche et de Byzance. Notamment dans les diptyques consulaires, des paires de panneaux reliés et ornés d'un décor sculpté, généralement en ivoire (parfois en bois ou en métal).
  Les diptyques consulaires sont des tablettes à écrire offertes aux notables par le consul ordinaire pour marquer son entrée en charge, et les récompenser de leur soutient à sa candidature.

Diptyque consulaire d'Aréobindus (506)
(ivoire)
La sculpture sous Justinien : 527 - 565
  Le chef-d'œuvre de l'architecture justinienne est la basilique Sainte-Sophie de Constantinople (à Istanbul aujourd'hui). La basilique Saint-Vital de Ravenne en Italie est un autre édifice représentatif de cette période.


Basilique Sainte-Sophie
(Istanbul - Turquie)
   

Basilique Sainte Vitale
(Ravenne - Italie)

Chapiteau Justinien
(Basilique Sainte-Sophie)
  Les chapiteaux sont ornés de feuillages et le relief plastique s'atténue encore.

  La recherche des contrastes profonds - ombre/lumière - prime aux dépens du volume.


Chapiteau Justinien
(Basilique Saint-Vital)
La crise iconoclaste : 720 - 846
  Depuis le Concile d'Elvira en 306, les Chrétiens orientaux ont marqués leur hostilité envers les "images" religieuses, peintes, dessinées ou sculptées.
Au VIIIème, en Syrie, la place omniprésente du culte des images tourne à la superstition et pousse Léon III l'Isaurien à les condamner en 726. La lutte dure 120 ans.

(Chapiteau byzantin)
  Cette condamnation entraîne la disparition du statuaire. La sculpture décorative évolue vers l'abstraction : entrelacs, rosaces, griffons, aigles héraldiques sur les ambons, chancels, sarcophages.

  À la pureté des moulures antiques succède la richesse des ornements orientaux. Le chapiteau se dépouille de ses feuilles d'acanthe pour prendre une forme anguleuse et s'orner parfois d'arabesques ou encore de peintures.

Chapiteau byzantin


  Il persiste quelques ivoires profanes, représentatifs de cette période, comme le coffret de Véroli.

  Les thèmes puisent dans l'antiquité. La face avant, par exemple, figure le sacrifice d'Iphigénie et l'histoire de Bellérophon capturant le cheval ailé Pégase.

Coffret de Véroli
(plaques d'ivoire et bordures en os)
Le Deutéro-byzantin 867-1185
  On entend par "Deutero" le "second" art byzantin qui apparaît après la période de crise bannissant l'adoration et le culte des images.

  Une première renaissance de l'art figuré voit le jour sous les empereurs Macédoniens de 867 à 1081, puis des Commènes, de 1081 à 1185.
De 1291 à 1453, une seconde renaissance a lieu sous la dynastie des empereurs Paléologues, une famille noble d'origine Mésopotamienne et la dernière gouvernant l'Empire byzantin.
Cette période offre deux tendances artistiques : un art impérial et un art monastique.

Constantin XI Paléologue
(pierre)
L'art impérial

  Classique et réaliste, à l'image de la représentation statuaire de Constantin XI Paléologue, le dernier empereur byzantin.

  Les membres supérieurs de la famille impériale Paléologue arborent le symbole de l'aigle à deux têtes. Il unit sous ses ailes l'empire, de l'est à l'ouest - figurés ici par les têtes du rapace.

Aigle à deux têtes
(Pierre)

Croix
(ivoire)
L'art monastique

  Dans l'esprit de l'architecture de cette période, le style est sévère, traditionnel et reste rigoureusement théologique.

Christ bénissant
(ivoire)

  L'art majoritairement employée dans l'ornementation Deutéro-byzantine est la technique dite du "champlevé". Elle consiste à incruster des émaux colorés dans l'or, le bois, le cuivre ou le zinc.

Christ
(or et émaux)


  L'art byzantin survit encore trois siècles après la chute de Byzance en 1453, surtout en Turquie, en Grèce, en Roumanie et en Russie. L'Occident lui échappe avec la Renaissance.


ART ROMAN
Du Xème au XIIème siècle
  Le style roman s'inscrit dans la continuité de l'art chrétien primitif en Italie et du style carolingien. Il se limite à l'Europe occidentale : la France, le nord de l'Espagne, le Saint-Empire romain germanique, le sud de l'Angleterre, le nord de l'Italie et les Pays-Bas. Il est supplanté progressivement par le style gothique entre le milieu du XIIème et le début du XIIIème siècle.
En fait, le nom "roman" n'apparaît qu'en 1818 pour nommer plus précisément une partie de l'art du Moyen Âge que l'on prenait alors pour un art romain dégénéré...
La sculpture romane s'épanouit dans une iconographie mêlant mystique et onirisme, pédagogie et imaginaire. Son style s'inspire de l'art paléochrétien, l'art romain, l'art byzantin, l'art carolingien, l'art celtique et l'art oriental. Le style est assez austère et sévère. Cette sculpture vise parfois à émouvoir ou à délivrer un message moral.

  La principale caractéristique de la sculpture romane est qu'elle fait corps avec l'architecture. Tout d'abord, elle prend place sur les points de liaison comme les chapiteaux et les encorbellements. Puis, progressivement, elle vient s'intégrer aux encadrements et à tous les éléments qui constituent le portail des églises.

  La sculpture romane remplit les espaces et n'en déborde pas. Un exemple marquant de cette "peur du vide" du sculpteur roman est certainement l'église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers. La sculpture orne à profusion la façade construite vers 1115. Les motifs récurrents de l'art roman sont presque tous présents. Les rinceaux, le bestiaire, les modillons sculptés de figures fantastiques ou d'êtres grimaçants. Au-dessus du portail principal, une frise illustre des scènes bibliques.


Église Notre-Dame la Grande à Poitiers
(XIIème siècle)
 

Notre-Dame la Grande à Poitiers
Tympan du portail principal (détail)

  La technique du bas-relief et du haut-relief est dominante, tandis que la ronde bosse est plus rare dans la pierre. La quasi totalité des sculptures, intérieures comme extérieures sont polychromes. Pour cela, divers oxydes naturels, de la terre colorée et du noir de charbon sont employés.

  Les personnages ou les animaux sculptés y sont groupés, parfois enchevêtrés. Le style ne tend pas vers le réalisme, il n'y a pas de perspective, pas de modelé, pas de proportions étudiées, mais plutôt des proportions symboliques. Le sculpteur n'hésite pas à déformer ou à exagérer sa figuration en fonction de l'espace à combler.


  L'art plastique roman présente toute sorte de décors, du plus abstrait, à base d'entrelacs, au cycle narratif le plus détaillé. L'une des créations majeures de la sculpture romane est le chapiteau historié, décoré par des récits religieux, historiques ou fantastiques.


Chapiteau géométrique
 

Chapiteau végétal (inspiré du corinthien)
 

Chapiteau historié (chevaliers)

  Tout d'abord géométrique ou orné de végétaux, dans un style évoquant le style corinthien, le chapiteau devient le support privilégié des récits bibliques, de scènes thématiques et de bestiaire où l'imagination débridée des sculpteurs se libère.

  La sculpture est également omniprésente dans l'ornementation des tympans qui ornent les porches des édifices religieux romans. Dès l'entrée de l'édifice, par une vision du Bien et du Mal, les tympans s'adressent aux fidèles et aux pèlerins pour les avertir de ce qui les attend à l'heure du Jugement Dernier.


Tympan de la Cathédrale Saint-Trophime d'Arles
(XIIème siècle)

  Le tétramorphe est un motif qui orne plusieurs tympans romans. Il illustre la vision d'Ézéchiel, un prophète du VIème siècle av. J.-C, lorsqu'il voit dans le ciel "quatre êtres vivants" tirant le char divin. Plus tard, la tradition chrétienne interprète cela comme la vision des évangélistes Matthieu, Marc, Luc, et Jean.
Au centre, le Christ triomphant et justicier est assis, bénissant. Il est entouré des quatre Évangélistes représentés par leur symbole : un lion ailé pour Saint Marc, un homme ailé pour Saint Mathieu, un aigle pour Saint Jean et un taureau ailé pour Saint Luc. Autour d'eux, l'archivolte est ornée d'anges adorateurs.
Sous le Christ figurent les douze Apôtres assis. La frise de gauche est formée par le cortège des Bienheureux et celle de droite par les Damnés, interdits de Paradis.
 

Tympan de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques
(XIIème siècle)

  Ce tympan traite le thème du Jugement dernier, tiré de l'Évangile selon Saint Matthieu. Il s'organise autour de la figure centrale du Christ, représenté de manière monumentale par rapport aux autres personnages. À sa droite règnent l'ordre, l'harmonie et le calme (le Bien). À sa gauche, c'est l'agitation, la confusion et le trouble qui dominent (le Mal).
Le Christ est représenté en juge et roi. Au dessus de lui, des anges tiennent les symboles de la Passion du Christ (les clous, la lance et la croix). À sa droite, la Vierge mène le cortège des élus (dont les les évangélistes, l'abbé de Conques Oldoric, et Charlemagne font partie). Sous le Christ, entre les portes du Paradis et de l'Enfer, Saint Michel pèse les âmes, tandis que le diable tente de faire pencher la balance de son côté. Après la porte de l'Enfer, sont représentés les 7 péchés capitaux.

  En dehors de la volonté de montrer la vie du Christ, des Saints et d'illustrer les Saintes Ecritures, la décoration des églises romanes a plusieurs objectifs : représenter les Forces du Mal qui détournent l'homme de Dieu, expliciter visuellement le vice et le péché et mettre en scène une vision terrifiante de l'Enfer. L'imagination débridée des sculpteurs du Moyen Âge met cela en scène. En voici quelques exemples :


Deux griffons
  Les sujets animaliers et monstrueux sont une des particularités du décor sculpté des églises romanes. La plupart des créatures représentées sont citées dans la Bible ou peuplent les mythes orientaux, grecs, romans, celtiques ou scandinaves.
Le griffon, pour exemple, incarne le courage et la force et aussi la double nature, humaine et divine.

Monstre mangeur d'homme
  Depuis la mythologie grecque les sirènes sont des séductrices qui mènent par leurs chants les marins à leur perte. Les sculpteurs romans les représentent avec un corps d'oiseau, conformément à la tradition grecque comme avec le corps d'un poisson, issu du mythe germanique.
La sirène rappelle au fidèle qu'il doit pratiquer la vertu et résister à la tentation symbolisée par l'appel des sirènes.

Les sirènes

Troubadour violoniste
  À côté de la musique sacrée, la musique et la danse profanes sont représentées. Les divertissements avec des danseurs, des acrobates, des contorsionnistes, des lutteurs et des montreurs d'animaux connaissent aussi, à la même époque, un certain succès. Mais, en raison de l'hostilité de l'église envers la musique populaire, les instruments sont souvent joués par des animaux ou des créatures infernales et deviennent le moyen de séduction du diable.

Joueur de cornet

Scène de vendanges
  Le travail permet d'obtenir le pain et le vin, fruits de la terre et du travail des hommes. Mais la vigne a aussi une valeur symbolique car le vin que l'on en tire rappelle le sang du Christ, célébré lors de l'Eucharistie.
La vigne, le vin, et ses différentes étapes de production, jusqu'aux vendanges d'octobre, sont fréquemment représentés.

Homme nu
  Les péchés capitaux apparaissent parmi d'autres vices, sous formes de personnifications. L'avarice peut être figurée par un banquier tenant une bourse contre lui, la paresse par un personnage couché, l'envie par Caïn tuant Abel ou encore un lion ailé figure l'orgueil. Aucun thème n'échappe aux ciseaux des sculpteurs, la luxure et bien représentée avec toutes ses déviances parfois obscènes.

Femme aux serpents
  Ce n'est pas vers l'invention, mais plutôt vers la tradition que se tourne le sculpteur roman. Il transmet le savoir des manuscrits mais ne se borne pas à le reproduire, il s'imprègne du modèle et l'adapte à la pierre.


ART GOTHIQUE
Gothique Primitif
de 1130 à 1250

  Le terme de gothique apparaît à la Renaissance. Il désigne péjorativement l'art "barbare" qui l'a précédée, c'est à dire l'art peu raffiné des Goths, une peuplade germanique qui a ravagé l'Empire romain au Vème siècle.
À cette époque, l'art gothique désigne l'ensemble des œuvres du Moyen Âge, mais le XIXème siècle réhabilite cette période en remettant à l'honneur le patrimoine gothique et en créant même un style qui s'en inspire, le "néo-gothique".
L'art gothique est avant tout religieux. À partir de 1130, le gothique primitif, encore balbutiant, succède à l'art roman. Il correspond à une période de création qui concerne surtout l'architecture, avec notamment l'apparition de la voûte d'ogives. La sculpture évolue mais reste soumise aux recettes antiques. Elle ne parvient pas encore à se soustraire à une certaine raideur.


La basilique de Saint-Denis est la première construction française à se démarquer nettement du style roman.


Basilique de Saint-Denis
  L'abbé Suger décide en 1130 de rénover la vieille église carolingienne pour valoriser les reliques de Saint Denis dans un nouveau chœur.
Il souhaite que l'édifice offre une élévation plus importante et que de larges baies laissent entrer la lumière.

  L'abbatiale est agrandie et, pour la première fois, la façade d'une église est dotée de trois portails de grandes dimensions et d'une rose.

La rose de Saint -Denis

  C'est à Chartres que la sculpture figurée du premier art gothique se développe, puis se propage dans le bassin parisien. Trois principales innovations apparaissent et caractérisent le style de cette période :

La prise de liberté par rapport au cadre


Cathédrale de Chartres (Portail Royal)
  Là où le sculpteur roman remplissait tout l'espace, le sculpteur gothique se libère de cette contrainte.

  Des statues colonnes, grandeur nature, sont disposées de part et d'autre des portails.
Ces éléments sculptés relèvent à la fois de la statuaire et de l'architecture. Les personnages représentés en pied affectent la forme de colonnes et se détachent presque entièrement de la masse.
Malgré tout, ils sont encore fortement empreints du style roman. Les visages et les gestes sont stéréotypés et assez inexpressifs. Les détails sont succincts et les drapés rigides marquent à peine les formes.

  La cathédrale Notre-Dame de Chartres (1194/1225) et son portail royal en offre un parfait exemple.

Chartres - Statues colonnes

  De 1150 à 1160 les ébrasements de la plupart des nouvelles églises gothiques d'une certaine importance sont ornées de statues en pied totalement indépendantes. Elles sont posées sur des socles ou placées dans des niches. L'évolution de la statuaire tend vers le quasi abandon du bas-relief. Le volume se libère et trouve un rôle nouveau dans l'architecture.

Un style plus naturaliste se développe peu à peu

  Sous l'influence de certains sculpteurs, une tendance apparaît sur certains édifices. Elle propose une étude plus directe de la nature. Cela est visible dans le traitement des détails anatomiques qui offrent désormais plus de réalisme.

  Cela se ressent dans l'attitude générale, les visages sont plus expressifs, tout comme le traitement des détails anatomiques et les inflexions des membres.

  Les vêtements, ni légers ni lourds, drapent les corps en suggérant le mouvement et en créant un élan dynamique.

Cathédrale de Reims - Statues
Portail de gauche du transept de la cathédrale
  Le trumeau fait son apparition.

Portail de la cathédrale de Sens (1135-1164)
  Le trumeau est un élément de maçonnerie qui divise en deux la baie, au centre du portail. Il est alors orné d'une statue figurant des Saints régionaux ou encore la Vierge debout, tenant l'Enfant Jésus dans ses bras.

  Les gestes de la Vierge sont empreints de douceur, leurs regards se croisent et ils arborent un tendre sourire.
On s'éloigne de l'imagerie romane rigide et distante qui représente la Vierge assise en majesté, portant l'Enfant Jésus sur ses genoux.

Statue du trumeau Vierge à l'Enfant (Amiens)
Le vocabulaire iconographique évolue

  Le Jugement dernier est toujours représenté sur les tympans, mais la vision de l'Apocalypse y est accentuée avec, par exemple, la figuration des vieillards alignés dans les voussures des archivoltes.

  La Naissance du Christ et son enfance sont représentées. On y relate la nativité, puis le massacre des Innocents commis sur l'ordre d'Hérode, craignant l'avènement d'un roi des Juifs. S'ensuit la fuite en Égypte avec Joseph et Marie qui cherchent à protéger l'Enfant Jésus de la tuerie et enfin le retour de la Sainte Famille à Nazareth.


Tympan du Jugement Dernier (ND de Paris)

Naissance et Enfance du Christ (ND de Paris)

  La Vierge acquiert un statut de reine. On aime Dieu, mais on le craint, alors on vénère la Vierge, persuadé de son pouvoir d'intercession auprès du Christ.

  En ces temps difficiles marqués par la pauvreté, les guerres et les maladies, les récits de miracles et les sermons de toutes sortes exaltent la Vierge et ses faveurs. Elle est invoquée en masse et le culte marial prend alors une place importante au sein de l'Église.


Cathédrale de Senlis
Au centre : le couronnement de la Vierge
  Et pour la première fois dans l'histoire de la sculpture monumentale, le portail de la cathédrale de Senlis (1150) présente un nouveau thème, celui du "Couronnement de la Vierge".
Bien que cette scène soit absente des textes sacrés, elle représente la Vierge au royaume des Cieux, accueillie après son assomption (son élévation au ciel) et couronnée par son fils Jésus.
Par ce geste, la Vierge - sans être elle-même divine - est placée au-dessus de toutes les créatures, anges, démons et hommes.

  Ce thème devient l'une des plus fréquentes ornementations de tympan des cathédrales gothiques (Laon, Chartres, Paris, Bourges, Reims…). Il s'étend même au-delà des cathédrales, parfois jusque dans l'ornementation de modestes églises.

Saint Florent, Saint Jacob, Sainte Eutropie (Reims)
La statuaire gothique figure également les illustres personnages :

Les Saints ayant marqués leur diocèse

Les Patriarches comme Abraham ou Jacob

Les Prophètes comme Moïse ou Jérémie

Les Martyrs comme Saint Calixte

Saint Calixte - Pape et Martyr (Reims)

Saint-Etienne - Protomartyr (Sens)
  Le thème du Zodiaque apparaît, démontrant que le temps appartient à Dieu. Il n'a alors aucune connotation "astrologique", il marque en fait le lien entre l'étude des astres - l'astronomie - et sa relation avec le rythme terrestre des saisons et des activités qui en découlent. Le Bélier, par exemple, correspond à l'équinoxe de printemps et au début des semailles.


Quelques-uns des médaillons du zodiaque de la cathédrale d'Amiens
de gauche à droite : le bélier - le taureau - les gémeaux

  Les Travaux des Mois ou des Allégories sont associées au zodiaque.


Quelques-uns des médaillons des travaux de la cathédrale d'Amiens
de gauche à droite : les travaux de la vigne - le fauconnier - le renouveau de la nature

  Aux siècles des croisades, la prédication exalte les sentiments religieux et met l'accent sur la Passion du Christ dont la responsabilité de l'issue tragique est imputée aux Juifs. Alors, dans les œuvres d'art et notamment la statuaire, la défaite de la Synagogue face à l'Église est un thème apprécié.

Ecclesia (Notre-Dame de Paris)
  La statuaire figure ces deux nouvelles allégories, Ecclesia (symbolisant l'Église) et Synagoga (symbolisant la Synagogue).

  Ecclesia - l'Église - est représentée tête droite, victorieuse et coiffée d'une couronne. Elle tient dans sa main un sceptre et un calice, symbole de la foi.

  Synagoga - la Synagogue - est figurée les yeux bandés, car elle est comme aveugle, refusant de reconnaître le Messie dans le Christ. Sa tête est baissée et privée de son ancienne couronne qui traîne à ses pieds en signe de défaite.
Elle tient une lance brisée (en allusion à la Sainte Lance qui a poignardé le Christ) et les tables de la loi ou bien les rouleaux de la Torah, l'enseignement divin transmis par Dieu à Moïse.

Synagoga (Notre-Dame de Paris)

  Les sculpteurs du gothique - comme certainement ceux du roman d'ailleurs - ne travaillent pas selon un modèle (qu'ils auraient réalisé en terre ou en plâtre). La sculpture est exécutée dans des loges (ateliers) avant la pose. La taille est directe et s'inspire d'une transmission orale ou visuelle colportée de chantiers en chantiers. Ainsi, un même motif peut apparaître dans des œuvres éloignées dans le temps ou la distance.
  Des recueils d'exempla sont utilisés dans les loges. Les Carnets de Villard de Honnecourt (1200/1250) en sont un exemple, mais bien d'autres devaient circuler.
Ce sont des relevés d'œuvres existantes couchées sur des feuillets de parchemin. On y retrouve le bestiaire chrétien, des figures humaines ou des éléments d'ornementation végétale.

  La clarté et la lisibilité de la forme sont primordiales. Les dessins sont linéaires et leur contours marqués de manière à faciliter leur reproduction. Ils indiquent parfois une méthode de tracé simple, géométrique. Charge au créateur, sous la responsabilité de l'architecte, de réinterpréter avec sa touche personnelle et sa propre dextérité ce répertoire existant.

Voir l'ensemble des Carnets de Villard de Honnecourt (clic sur l'image)
(format pdf)

Gothique Rayonnant
de 1250 à 1350

  À partir de 1250 en France, les églises de style gothique sont construites presque entièrement par des architectes laïcs et des tailleurs de pierre. Les anciennes corporations de maçons sont remplacées par des guildes permanentes. Ces maîtres individuels de sculpture en pierre et leurs élèves distinguent parfois leur travail par leurs marques personnelles, mais ils sont tous inspirés par le même idéal et la sculpture gothique peut être considérée alors comme une création homogène.
Mais avant tout, cette période est appelée ainsi en raison de la forme "rayonnante"
des rosaces qui ornent désormais la plupart des nouveaux grands édifices religieux.

Rosace de la cathédrale Saint Étienne de Metz

  Avec ce courant, un élément nouveau apparaît : le remplage. À la fois structurel et décoratif, il s'agit d'un élément architectural qui divise le haut des baies en plusieurs compartiments.

  Un ensemble - appelé réseau - est soutenu par des meneaux. Des vitraux viennent combler les différents ajours, soufflets, trèfles ou autres mouchettes. Ce système permet de pratiquer des ouvertures d'une grande superficie qui laissent entrer plus de lumière.
  Un autre système, purement décoratif, fait son apparition, le gâble. Il s'inspire d'une pièce de charpente composée de deux arbalétrières formant un triangle.
Bien qu'il ne remplisse aucune fonction de confortement, cette sorte de pignon est placé au dessus des portails afin de rompre la monotonie des lignes horizontales des immenses façades de cathédrale et prolonge aussi l'élan vertical de la voussure.


Les 3 gables de la cathédrale d'Amiens (1220/1288)

  De plus en plus raffinés, ces gables sont ajourés à la manière des remplages, puis ornés de fleurons et parfois couronnés d'un pinacle ou d'une statue.
D'une très grande finesse et tout en légèreté, comme le gable de la collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie, l'ouvrage atteint parfois une grande richesse sculpturale. Comme le gâble surmontant le portail central de la cathédrale de Reims qui présente le Couronnement de la Vierge. Une succession de dais s'y étage en gradins jusqu'au sommet du triangle. La statuaire est en ronde-bosse et les reliefs sont si prononcés qu'on en oublie presque la forme primitive du gâble.

  On atteint parfois d'autres sommets avec le grand gable du portail principal de la cathédrale de Strasbourg et la multitude de détails finement sculptés qui entourent le roi Salomon sur son trône et la Vierge à l'Enfant surmontée par le visage du Christ.

Cathédrale de Reims (vers 1260)

Collégiale Notre-Dame Mantes-la-Jolie (1300)

Cathédrale de Strasbourg (1300)
  Quatre grandes écoles françaises de sculpture s'affirment dès la fin du XIIème siècle :
  • La Champagne avec sa force d'expression, sa richesse et son originalité.
  • La Picardie, moins expressive mais plus architecturale et plus habile dans la composition des masses.
  • La Bourgogne, tout en puissance et en détail énergique, au ciseau généreux, éprise de vie et de vérité.
  • L'Ile-de-France, qui réunit toutes les qualités par la pureté de ses formes, sa délicatesse et son élégance.
  De manière générale, la sculpture se complexifie pour devenir de plus en plus réaliste. Un des exemples les plus significatif est celui des chapiteaux de piliers.

Chapiteau de la cathédrale de Noyon (1145/1235)
  Entre 1130 et 1170, autrement dit durant la période classique et le début du gothique rayonnant, le répertoire symbolique roman est progressivement abandonné pour donner place à une ornementation florale réaliste.

  Auparavant, inspirés de la flore romane et elle-même de la corinthienne, les tailloirs des chapiteaux étaient ornées de simples grandes feuilles souples et étirées se terminant par un beau crochet, comme celles sculptées sur certains chapiteaux de la cathédrale de Noyon.

Chapiteau de Notre-Dame de Paris
(1163/1345)
  Les sculpteurs gothiques du rayonnant ajoutent de petites feuilles découpées en lobes et divisées. Idée, semble-t-il, initiée durant la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Sur ces chapiteaux, on croit parfois reconnaître des feuilles d'arum, de plantain ou peut-être de nénuphar. C'est parfois vrai, mais les sculpteurs ont aussi voulu simplement représenter des feuilles naturelles et vivantes dans une forme souvent "idéalisée".

Chapiteau de la cathédrale de Reims (1211/1345)

  Progressivement, la taille et la forme des feuilles se diversifient encore, tantôt longues et étroites, rondes, ovales, pointues ou triangulaires. Désormais, la feuille se compose à l'infini suivant le nombre de folioles, de lobes et de dents, à la fois proche de la nature et inspirée librement.
La flore est adoptée pour son rôle décoratif sur toutes les parties sculptées ou moulurées : les clefs de voûte, les frises, le consoles ou les voussoirs. Ainsi, le lierre, la vigne, la rose, le chêne, le trèfle ou encore l'églantine sont exploités par les sculpteurs pour leur qualité ornementale, qu'il s'agisse de leurs nervures, leurs découpes, l'arrondi de leur profil ou encore leurs longues tiges.

Ornementation florale
Église Saint-Éliphe de Rampillon (77)
  Parallèlement à l'aspect ornemental, une symbolique religieuse accompagne parfois la représentation de la flore.

  La Bible associe la vigne au Christ, car la vigne donne le vin, symbole du sang du Christ.

  Le lys, par exemple, symbolise la pureté de la Vierge et la rose, son amour et sa charité. Marie est comparée dans les psaumes à un jardin de roses et dans les écrits de Saint Bernard elle est la "rose sans épines".

Trumeau du roi
Cathédrale d'Amiens (80)
  La tradition païenne et antique du gisant connait une résurgence. Les gisants des personnages éminents sont sculptés de façon figurative, en haut-relief, allongés sur un socle. Les bras, d'abord le long du corps, sont parfois posés sur le cœur, croisés ou les mains jointes en prière. Les visages sont sereins, les yeux entrouverts donne l'apparence du vivant, dans l'attente du jugement dernier. Il faut dire qu'à cette époque, la foi chrétienne en la résurrection de la chair est bien ancrée dans les croyances.
Plus tard, les sculpteurs ferment les yeux des défunts, leur donnant l'apparence du sommeil mais jamais celui de la mort.


Gisants de Charles V et de Jeanne de Bourbon, son épouse (marbre blanc)



Gothique Flamboyant
de 1350 à 1520

  Au début du XIVème siècle les grands chantiers des cathédrales sont fermés, terminés comme à Laon, Paris, Chartres, Amiens, Reims et Bourges ou abandonnés comme à Senlis, Sens et Beauvais. Une crise morale atteint la vie religieuse, la piété tend à prendre des formes plus individuelles, plus réalistes et plus pathétiques. Les prémices de la guerre de Cent ans s'ajoutent à tout cela.

  Mais après une longue période pauvre en innovations, un souffle nouveau apparaît. L'art gothique évolue vers le "flamboyant", qualificatif inspiré des motifs en forme de flammes évoluant en nombre dans les remplages les baies, les rosaces et les gâbles des façades.

  La statuaire s'affranchie désormais de l'architecture avec laquelle elle ne fait plus corps. La sculpture incline peu à peu vers une expression plus étroite de la réalité et l'art tend à devenir naturaliste. Les sculpteurs abandonnent les disciplines communes et le XVème siècle gothique voit s'affirmer l'individualisme.

  Les façades sont ornées de réseau des nervures ayant l'apparence onduleuse de flammes, de cœurs ou de larmes. Leur profusion déborde sur les gables et les pinacles en frôlant la surcharge décorative et en diluant les lignes architecturales.


Abbaye de la Trinité de Vendôme (41)
La façade (1508)

Chapelle du Saint-Esprit de Rue (80)
Portail (1440/1515)
  À l'intérieur, le niveau du triforium et celui des fenêtres hautes fusionnent en un même ensemble, aérien et lumineux. Les piliers filent désormais d'un seul jet du sol jusqu'à la naissance des voûtes. Les chapiteaux disparaissent pour accentuer encore l'élan vertical de l'élévation.

Hôtel des Abbés de Cluny (71)
Chapelle - Voûtes (1485/1500 )

  Les voûtes en étoile se veulent à l'image du ciel.


Église du Monastère royal de Brou (28)
Voûtes du chœur (1506-1532)


Église Saint-Eustache de Paris (75)
Clefs pendantes
  Les voûtes sont embellies de liernes, de tiercerons et de clés pendantes finement sculptées. Des culots sont ornés de feuilles, des consoles et des cul-de-fours sont décorés de motifs végétaux.

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Niche à dais
Copie de la Vierge à l'Oiseau
Notre-Dame-du-Marthuret à Riom

Gargouille de la tour Saint-Jacques
à Paris (1509-1522)

  Les statues sont abritées dans des niches surmontées de dais. Les gâbles, les balustrades, les gargouilles, les clochetons, les fleurons et pinacles dessinent sur le ciel des dentelles de pierre.

Lucarnes, fleurons et balustrades
Palais de justice de Rouen (76)
(1495-1525)
  Un nouvel élément trouve sa place dans les édifices religieux, le jubé. Il s'agit d'un construction qui sépare le chœur du reste de l'édifice. Il est composé de trois éléments richement ornés : la tribune, la clôture ou chancel et la crucifixion.

Jubé de Sainte-Cécile d'Albi (81)
(vers 1450)
  La plupart des jubés ont été détruits pour ouvrir l'espace et l'accès aux cérémonies. Le jubé de la cathédrale d'Albi fait partie de la dizaine encore existante.

  Comme la plupart des ouvrages de cette période, il est richement sculpté. Le registre supérieur est composé d'arcs jumelés en plein cintre et la balustrade ajourée est ornée de blasons.

  Plusieurs niches abritent les statues en pierre polychrome des Prophètes de l'Ancien Testament : les 12 apôtres, la Vierge Marie, saint Jean-Baptiste, saint Paul et sainte Cécile entourée d'anges. Charlemagne et Constantin (premier empereur romain chrétien) sont également représentés.
  La crucifixion surmonte la tribune depuis laquelle l'ecclésiastique pouvait lire l'Évangile et prêcher. On pouvait également y installer les chœurs ou un orgue portatif. Les portes du jubé s'ouvraient parfois, mais restaient le plus souvent closes. Isolés du chœur, les fidèles pouvaient entendre la messe, mais l'entrevoyaient rarement. Ceci afin de renforcer le caractère mystique de la cérémonie.

  Les figures perdent progressivement leur sérénité, les traits des visages s'accusent et peuvent désormais exprimer l'émotion ou la sentimentalité, évoluant donc vers plus de réalisme et d'expressivité.
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Portail de la chartreuse de Champmol à Dijon (Côte d'Or)
Par Claus Sluter
  De grands artistes marquent cette époque par leurs œuvres innovantes et personnelles, reliées entre elles par la communauté du goût et des aspirations. Beauneveu, Jean de Cambrai, Jean de Marville ou encore Claus de Werwe marquent un des grands tournants de l'art et leur influence domine toute l'évolution naturaliste du XVèm siècle.
Parmi eux il faut également citer l'excellent Claus Sluter (actif de 1355 à 1406), un sculpteur originaire des Pays-bas qui entre au service des ducs de Bourgogne.

  Lorsqu'il réalise le portail de Champmol vers 1391, il bouleverse l'iconographie traditionnelle en y faisant figurer les fondateurs de la chartreuse encore vivants, Philippe le Hardi et son épouse Marguerite de Flandre, à genoux devant leur saints protecteurs, Jean et Catherine. Au centre, figure la Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras.

  L'ensemble révèle une grande observation du sculpteur et une étude scrupuleuse des gestes et postures. Les plis des drapés, le réalisme des visages et leur expression naturelle approche la perfection.
  Mais c'est avec "le Puits de Moïse" que le génie novateur de Sluter prend tout son essor.
Il s'agit du socle d'un calvaire disparu à la fin du XVIIIe siècle, aménagé dans le cloître de l'ancienne chartreuse sur ordre du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi.
À l'origine, l'ensemble était composé d'un puits profond entouré d'un socle hexagonal de 7 mètres de haut (la partie conservée aujourd'hui), où figurent le roi David et Moïse ainsi que les quatre prophètes Isaïe, Daniel, Zacharie et Jérémiesurmontée. Le socle est surmonté d'une table de pierre sur laquelle un enrochement symbolise le Golgotha (mont sur lequel Jésus a été crucifié) et enfin, une croix haute de 15 mètres sculptée aux armes du duc dominait le monument.

  Le réalisme du statuaire est saisissant et le soucis du détail omniprésent (ceintures, pages de livre, boutons...). Les visages des prophètes sont particulièrement expressifs et s'apparentent à de véritables portraits dont émane un sentiment de vie intense.
Les drapés volumineux aux plis lourds confèrent aux figures une stature imposante et une monumentalité nouvelle dans l'art gothique. Elles occupent un espace bien réel, totalement libéré du cadre architectural.

Puits de Moïse
Dijon (21)

  La sculpture de Sluter est forte, vigoureuse sans être dure, de juste mesure, d'une anatomie vraie, sans ces exagérations de vigueur musculaire.
De nombreuses œuvres émanent de ses ateliers de sculpture bourguignons, les "Pleurants du tombeau de Philippe le Hardi", le "Buste de saint Antoine ou la "Statue de Noé". Il a ainsi créé en quelques sortes la statuaire moderne en devenant le plus grand sculpteur que l'Europe occidentale ait connu avant la Renaissance.

  Parmi ses successeurs et peut-être même disciples, on peut nommer le lyonnais Jacques Morel (1395/1459), artiste nomade et autonome ou Michel Colombe (1430/1515), originaire de Bourges.
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Tombeau d'Agnès Soral (vers 1450)
Loches (Indre-et-Loire)
  Lorsque Agnès Sorel décède - favorite et grand amour de Charles VII - il souhaite réaliser un tombeau à l'image de sa beauté.
C'est l'un ou l'autre de ces deux maîtres sculpteurs qui se charge de le sculpter, débat d'expert...

  Quoi qu'il en soit, l'artiste a su révéler toute la jeunesse et la pureté de la "Dame de Beauté".
La fraîcheur des traits de la jeune femme et son teint clair est mis en exergue par l'utilisation de l'albâtre blanc. Un grand front dégagé, des yeux légèrement entrouverts, un nez droit et pointu, une petite bouche et un menton délicat, il dégage de son expression une infinie sérénité.

  Le sculpteur a placé deux agneaux à ses pieds pour évoquer son prénom et sa douceur. Sous sa tête couronnée de duchesse, deux anges recueillis soutiennent un coussin brodé. Un dais riche et flamboyant prolonge l'ensemble.

Détail du visage
  Il n'y a pas plus bel exemple pour souligner combien la sculpture gothique se tient jusqu'à sa dernière heure dans les voies du naturalisme. Un naturalisme assoupli, souriant, où la grâce l'emporte toujours sur la force.


RENAISSANCE
1420/1600
  C'est en Italie que se développe au milieu du XIVèm siècle un mouvement culturel : la Renaissance (Rinascimento en italien). Ce tournant décisif est fortement influencé par l'Humanisme qui replace l'homme au cœur de la Création et génère les réformes religieuses protestante et catholique.

  L'art gothique est alors considéré comme un style d'importation, l'intérêt se porte sur les arts classiques de l'Antiquité grecque et romaine, présents sur le sol italien. La résurgence contemporaine de cet art national est une "renaissance".

  La Renaissance est marquée par deux grandes périodes : le quattrocento (années 1400), qui se cantonne à l'Italie, et le cinquecento (années 1500) durant lequel les œuvres des grands maîtres comme Donatello ou Michel-Ange influencent toute l'Europe.

La Première Renaissance italienne
  C'est à Florence que l'on situe les premières traces de la Renaissance, ville où vivent la plupart des maîtres les plus illustres de leur temps : Giotto, Donatello, Masaccio, Michel-Ange ou encore Ghiberti.

  L'influence gréco-romaine est tout d'abord architecturale. Brunelleschi (1377/1446) recherche des volumes simples et met au point "la perspective mathématique" qui va révolutionner l'art pictural tandis qu'Alberti (1404/1472), théoricien et savant, rédige des traités qui restaurent le langage formel de l'architecture classique avec des conceptions imprégnées d'harmonies et de rapports.


Florence et le dôme de Brunelleschi
  Encore à cette époque, l'Église reste pratiquement le seul commanditaire des œuvres d'art et la sculpture a donc toujours une vocation religieuse ou ornementale. Elle est destinés aux portails, aux autels ou aux tombeaux et ses sujets restent cantonnés au Christ, à la Vierge, aux saints ou encore aux allégories des Vertus. Le nu n'est abordé que pour représenter Adam et Ève ou saint Sébastien. L'individu n'est principalement figuré qu'en gisant.

  Les sculpteurs Lorenzo Ghiberti (1378/1455) et Donatello (1386/1466) puisent leurs formes et leurs thèmes dans le répertoire antique.

David par Donatello
1408 (marbre)
  Le premier "David" de Donatello (1408) s'inspire des éléments du répertoire antique. Le corps humain est mis en avant dans une posture dynamique et dans un "timide" contrapposto. Mais des éléments gothiques sont encore présents, comme le drapé qui cache une grande partie du corps.

  Sur la Porte de Paradis situé à l'entrée du baptistère de Florence, le chef-d'œuvre de Ghiberti, on peut voir la perspective appliquée aux bâtiments placés à l'arrière des personnages. Ghiberti réinterprète la sculpture gothique en assouplit les lignes et figure un réalisme aux consonances antiques. Son rendu des modelés et des détails désigne un artiste d'une finesse prodigieuse.

Salomon et la reine de Saba par Ghiberti
Porte du paradis - vers 1430 (bronze doré)

La Renaissance italienne s'ouvre à l'art profane
  L'émergence d'un art profane est lente et il faut attendre le milieu du Quattrocento pour voir émerger les signes d'un renouveau, la renaissance du portrait ainsi que l'ornementation des demeures privées.
Elle apparaît vers 1430 avec un nouveau "David", cher à Donatello. C'est le premier nu monumental de la Renaissance, installé sur une colonne au milieu de la cour du palais Médicis. Ici, le sculpteur redécouvre enfin la noblesse du bronze – si précieux à l'Antiquité et souvent délaissé par les hommes du Moyen Age – pour s'engager vers un naturalisme qui distingue la sculpture de la Renaissance de l'art gothique. mais il faut attendre à la fin du siècle pour voir les sculptures se livrer, sur les places et les jardins de Florence, à l'admiration du public. Le caractère religieux des programmes ne permet guère à l'artiste de s'inspirer pleinement de la sculpture antique qui favorise le nu et le portrait. Il en retient les apparences plus encore que les principes. Parmi ces derniers, il fait sien le hanchement ou contrapposto, cher aux sculpteurs de l'Antiquité, pour camper une figure sur une jambe et abaisser son épaule du même côté, et il retient l'idée de la proportion modulaire. Il adopte surtout les grands thèmes de la sculpture antique : le nu viril, alors qu'il ignore totalement le nu féminin; le portrait en buste; la statue équestre. Il Après 1450, les expériences florentines se propagent en Italie. Les cours princières, en quête de prestige, font appel aux artistes renommés. La diffusion rapide de ces nouveautés s'explique par le climat d'émulation entre les différentes cours italiennes, c'est dans ce climat artistique que s'ouvre la Renaissance proprement dite.

MANIÉRISME
De 1520 à 1600
  L'art du Maniérisme bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

ART BAROQUE
De 1560 à 1760
  L'art Baroque bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

CLASSICISME
De 1560 à 1760
  Le Classicisme bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

ROCOCO
Au XVIIIème siècle
  L'Art du Rococo bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

NÉO-CLASSICISME
Au XIXème siècle
  L'Art du Néo-Classicisme bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

ROMANTISME
Au XIXème siècle
  L'Art du Romantisme bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

IMPRESSIONNISME
Seconde moitié du XIXème siècle
  L'Art de l'Impressionnisme bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

EXPRESSIONNISME
Premier quart du XXème siècle
  L'Art de l'Expressionnisme bla bla

   A//Le terme « expressionnisme » se rattache à l'atmosphère de malaise et de révolte qui a précédé et suivi la Première Guerre mondiale et que les créateurs d'alors ont traduite par une esthétique violente et tourmentée. De manière générale, l'expressionnisme, tel que le mot est employé dans l'entre-deux-guerres, se définit plus par une attitude de l'artiste que par un style précis. Il s'agit pour celui-ci de chercher à communiquer au spectateur la violence et la singularité d'une émotion. L'artiste expressionniste a le souci d'exprimer une conception du monde, et de partager avec le spectateur des sensations fortes, et souvent extrêmes et brutales. En sculpture, dans cet « après Rodin» les silhouettes se lissent, adoptent des poses plus communes, et acquièrent une plus grande intériorité. Il n'est plus ici question de modeler avec exactitude le corps humain, mais d'impulser une émotion plus suggestive et intérieure, répétons-le. Si Archipenko, Zadkine et Gaudier-Brzeska, rompent fortement avec la forme du corps humain, Lehmbruck façonne un entre-deux. L'œuvre de Wilhelm Lehmbruck est magnifique, dont la grande figure de bronze, Agenouillée est considérée comme le manifeste de l'expressionnisme. Les corps sculptés par Willhelm Lehmbruck épousent la forme de l'anatomie humaine, ils pourraient presque être réalistes. Mais l'oeuvre est figée, le mouvement quasi-inexistant : corps raide et roide aux lignes d'une abrupte rondeur .Seule la tête semble véhiculer l'émotion, et peut-être les bras aussi. Quoi qu'il en soit ses sculptures surprennent. Ces corps inertes à l'expression faciale austère nous oppressent de tristesse. Lehmbruck réussit à exalter le sentiment sans pour autant détruire radicalement l'esthétique du corps. Il opère par là ce qui semble être un réel tour de force

CUBISME
De 1906 à 1910
  L'Art du Cubisme bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'

SURRÉALISME
Premier quart du XXème siècle
  L'Art du Surréalisme bla bla

   Son e et de christianisme.
Cette période est suivie de 726 à 843 par une grave crise qui entraîne la destruction des icônes et donc celle de bon nombre d'





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