Il m'a dit : " Prends ta pierre et pose la sur le chantier ", je ne comprends pas, on est à l'atelier...
Le "chantier", c'est une pose " à sec" de l'ouvrage en atelier. Elle permet de souligner les éventuelles erreurs d'appareillage avant la pose effective.
Le chantier est le chariot permettant de transporter les pierres terminées jusqu'au camion de livraison.
C'est simple, tu poses ta pierre sur ta table, sur son lit de pose. C'est à dire telle qu'elle se trouvera sur le chantier.
Le chantier, c'est tout simplement la table sur laquelle tu poses et tailles ta pierre.
En carrière, pour tracer un trait au sol, on avait tendu le fil du cordeau bleu lorsqu'il me dit : " Bat-le !...", d'accord, mais heu !...que dois-je faire ?...
Tu n'as pas assez tendu le fil ... Tire, mon gars !...
Pince le fil avec entre 2 doigts, lève-le et lache-le pour qu'il laisse une marque repère au sol.
Tu n'es pas bien aligné, appliques toi, vingt dieux !...
Prends ton fil et secoue-le, il y a trop de craie bleu, le trait ne serait pas net...
Pour faire ton relevé, n'oublie pas une sauterelle, ça peut servir... Oui !, chef... (mais, qu'est ce qu'il me dit ?...)
Une sauterelle, c'est une petite échelle. Elle te permettra de t'éléver un peu pour prendre les cotes en hauteur...
C'est tout simplement un double mètre rigide pliable, en aluminium, en bois ou en matière plastique.
Il s'agit d'un outil, une équerre dont les branches sont mobiles de façon à permettre de relever tous les angles.
Mais non !,... Ce n'est pas un outil... c'est le nom donné à un apprenti maçon...
Je taillais ma pierre lorsqu'il m'a demandé de garder du " brasier "... Là, c'est chaud !... Je ne sais pas ce que c'est !...
C'est tout simplement un peu de poussière fine de pierre qui, mélangée avec de la chaux et du sable, servira de liant de jointement, à la pose.
Tu dois trop t'exciter sur ton caillou..., c'est une expression de pierreux qui signifie " garde de la force, de l'énergie "...
Tu dois garder du "gras de taille", c'est à dire une surépaisseur de pierre qui sera ravalée après pose.
Regarde bien ton tracé sur la pierre... Si tu attaques le trait, tu le " brûles ", tu " l'éteins ", tu manges la cote, quoi !... Alors garde du brasier !...
- Tu nettoieras bien la gravure de cette plaque et ensuite tu procéderas à son rechampissage... - Rechan... Quoi ?...
Rechampir, c'est poncer et chanfreiner proprement les bords (chants) de la plaque.
Le rechampissage consiste à peindre la gravure en creux de couleur noir, argent, or, brun...
Le texte n'est sûrement pas centré... Tu vas devoir recouper les chants de la plaque pour recentrer au mieux le texte.
Rechampir c'est contrôler la netteté de la gravure en l'éclairant grâce à une lumière rasante.
Mon premier boulot en carrière, ça a été de d'enlever la moye des blocs. Vous voyez de quoi je veux parler, bien-sûr ?...
Oui, la moye c'est le nom de la mousse qui se dépose sur les vieux blocs stockés. On la brosse...
Alors la moye en fait c'est toutes les parties défectueuses ou fragilisées du bloc (fil, nœud, crapaud, terrasse,...)
On prononce : mot-yé. Oui, il s'agit en fait d'ôter les marques (mots) ou repères laissés par les carriers sur la masse avant l'extraction. Au taillant ça va bien...
Bien-sûr, la moye c'est une couche de pierre plus tendre sur un bloc. Elle se délite souvent naturellement, mais parfois, je l'enlevais au taillant moi aussi...
- Chef !, ma tranche est trop grande pour l'morceau que j'ai à tirer en d'dans... - Tu n'as qu'à la rader... - Chef !, Oui !, Chef !...
Bon ... Je crois que le chef m'a dit de la ranger sur ses supports, les rades !!?... Sûrement pour en prendre une autre...
Mais non ! J'y suis !... La "rader" c'est la casser d'un coup de masse... Il se moque de moi !...
Ok !, Il me demande de placer le morceau de façon à tirer le meilleur profit de ma tranche, sans créer trop de perte.
D'un coup ça me revient, il me dit de la diviser, avec le ciseau au lieu de la scie, en pratiquant 2 tranchées dessus et dessous la tranche.
Pour mon premier jour de cariste en carrière, le chef m'a demandé de trier et stocker ensemble les blocs de pierre gelisse.
Les blocs gelisses sont ceux qui présentent des faces propres. Ils n'ont donc pas besoin d'être équarris par un carrier.
Au contraire, malheureux !... Tous ces blocs sont mal foutus, un carrier doit reprendre les faces.
Une pierre gelisse vient d'être extraite, elle n'a pas encore jeté son eau de carrière. Il faut la laisser sécher.
Dans gelisse, il y a "gel". Eh oui, ce sont les blocs gelés, fêlés...
Je chassais une pierre pour monter un mur de moellons quand il me dit : - Je veux des bilboquets pour la pose...
OK, il doit y avoir des trous à percer pour les gonds de porte !??...
Ah oui !, ce sont des moellons plus ou moins arrondis qui servent de blocage entre 2 parements.
Il veut que je lui prépare des moellons de la longueur maximale possible. Il pourra les retailler sur mesure à la pose...
Il me demande de lui garder les petits carrés de moellons que je comptais balancer...
- " Ah, la pierre du Gard, c'est pas du cliquart !... " me dit un compagnon parisien qui passait sur le chantier. Quésaco ?...
Le cliquart c'est une pierre qui ne provient pas de France. Elle est extraite par une "clique" étrangère...
Le cliquart de Paris, c'est une pierre fine et très dure qui "clique" d'un son clair sous le l'outil...
C'est ainsi que l'on qualifie toutes les pierres fines présentant de bonnes dispositions pour la sculpture.
Le cliquart c'est un des noms donné au granite de Bretagne (clikar en Breton)